1 Corinthiens 15, 20-34

« Il remettra le Royaume à Dieu le Père »

Saint Hilaire

De la Trinité, livre XI, SC 462, p. 363 et 351

       Il remettra le Royaume à Dieu le Père ; non pas comme si, en le remettant, il se démettait de la puissance, mais parce que, devenus conformes à la gloire de son corps, nous serons royaume de Dieu. Car l’Apôtre Paul n’a pas dit : Il remettra son Royaume, mais : Il remettra le Royaume, vu qu’il nous remettra à Dieu, nous qui sommes devenus royaume par la glorification de son corps. C’est nous qu’il remettra pour être un royaume conformément à cette parole de l’Evangile : Venez, les bénis de mon Père, prendre possession du Royaume qui vous a été préparé depuis la création du monde.

       Les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Car le Fils remettra à Dieu comme un royaume ceux qu’il a appelés en vue du Royaume, et à qui il a promis la béatitude de ce mystère en disant : Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

       Et quel est ce Royaume ? Lui-même l’a affirmé aux Apôtres : Le Royaume de Dieu est au milieu de vous. Tout en régnant, il remettra le Royaume. Et, si l’on demande qui est celui qui remet le royaume, on s’entendra dire : Le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis ; car c’est par un homme qu’est venue la mort ; c’est par un homme que vient la résurrection des morts. Or, en vertu de quel mystère le Christ est-il ressuscité d’entre les morts ? Apprenons-le de ces paroles de Paul : Rappelle-toi que le Christ est ressuscité des morts, lui issu de la descendance de David. Ces paroles nous enseignent que la mort et la résurrection découlent uniquement de l’économie en vertu de laquelle le Christ est chair.

       Que voyons-nous de troublant dans ces paroles ? Elles signifient une économie dans le temps. La parole de Paul déclare ici le futur pour le fait : ce qui se fera quand les temps seront accomplis existe déjà dans le Christ où habite toute la plénitude. Et ce qui sera dans l’avenir est plutôt l’ordre de l’économie qu’une nouveauté. Car Dieu a tout soumis sous ses pieds, même s’il y a encore quelque chose à soumettre. Et selon que tout lui est déjà soumis, la puissance du Christ est immuable. Mais parce qu’il reste encore quelque chose à soumettre, il y aura gradation et progression, à mesure que les âges se succèderont jusqu’à la fin.