1 Corinthiens 15, 1-19

« Il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures »

Dom Jacques Dupont

Ressuscité le troisième jour, Biblica 1959, p. 759s

       L’affirmation que le Christ est ressuscité le troisième jour fait généralement suite à des expressions qui parlent de sa passion en fonction d’Isaïe 53. Il s’agit d’une formule très familière, consacrée par l’usage le plus ancien et le plus traditionnel de l’Eglise. On continue à le donner comme un emprunt fait à l’Ecriture. Est-il si surprenant qu’on ne se donne pas la peine d’indiquer à quel passage elle est empruntée ? On ne peut certainement pas tirer argument de cette omission pour affirmer que les premiers chrétiens n’ont jamais eu l’attention attirée sur la merveilleuse coïncidence entre l’indication d’Osée 6,2 : Le troisième jour, nous serons ressuscités, et le fait que Jésus soit ressuscité le troisième jour. Osée est d’ailleurs, après Zacharie, celui des petits prophètes dont on rencontre le plus souvent des citations ou des allusions dans le Nouveau Testament. Il va de soi que cette formule traditionnelle, où les chrétiens reconnaissent l’écho de l’Ecriture, rappelle directement Osée.

       La résurrection de Jésus le troisième jour après sa mort est d’abord un fait. Mais ce fait prend sa dimension théologique quand on le confronte aux prophéties. En lisant dans le Deutéronome  (18,15.18), la promesse faite par Dieu de susciter un prophète semblable à Moïse, les premiers chrétiens n’hésitent pas à reconnaître Jésus dans ce prophète ; ils sont aussitôt frappés par le verbe employé dans le texte biblique : il peut se comprendre ressusciter, aussi bien que susciter. Le prophète semblable  à Moïse devait donc être un ressuscité ! On n’a pas de peine à montrer que cette prophétie se réalise en Jésus. Le fait que Jésus est ressuscité le troisième jour prend pareillement sa signification profonde quand on constate que cela se trouvait déjà dans les Ecritures comme une indication mystérieuse, un signe auquel on reconnaîtrait le Messie. Combien de détails de la Passion ne retrouvait-on pas dans le psaume 21 ? Il paraissait normal que Dieu ait fait savoir d’avance le terme fixé pour la résurrection de son Fils. L’évènement de Pâques révèle les intentions secrètes qui se cachaient dans les textes. Eclairés par l’évènement, les textes projettent en retour la lumière sur lui ; leur témoignage messianique devient intelligible. Ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, Jésus est bien le Messie qui avait été promis.