Matthieu 6, 1-6 + 16-18

« Quand tu pries, retire-toi dans ta chambre »

Sainte Thérèse d’Avila

Vie écrite par elle-même

Beaucoup de saints et d’hommes de vertu ont écrit sur les avantages qu’on retire de l’oraison, je veux dire de l’oraison mentale. Que Dieu en soit glorifié ! Mais quand ils ne l’auraient pas fait, je ne serais pas, malgré mon peu d’humilité, assez téméraire pour oser en parler. Je puis dire toutefois ce que l’expérience m’a appris.

Malgré les fautes où tombe celui qui débute dans la voie de l’oraison, il ne doit jamais l’abandonner. L’oraison est le moyen qui lui servira à se relever. Sans elle, ce serait beaucoup plus difficile… Quant à celui qui n’aurait pas encore commencé à faire oraison je le supplie, pour l’amour de Dieu, de ne pas se priver d’un si grand bien. Ici, il n’y a rien à craindre, mais tout à espérer. Si, je suppose, on n’avance pas, et si l’on ne s’efforce pas d’être assez parfait pour mériter les joies et les délices que le Seigneur réserve à ses vrais amis, on arrivera néanmoins à connaître peu à peu la voie du ciel. Si l’on persévère, j’ai confiance en la miséricorde de Dieu. Personne ne l’a pris en vain pour ami. Or, l’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un commerce intime où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé…

Ô bonté infinie de mon Dieu !… Qu’il est bien vrai que vous supportez la présence de celui qui se fatigue en votre compagnie ! Vous lui tenez compte, ô mon Dieu, de quelques instants qu’il consacre à vous aimer ; et, à la première heure de son repentir, vous oubliez ses offenses envers vous. Voilà ce que j’ai vu clairement par moi-même.

Aussi, je ne comprends pas, ô mon Créateur, pourquoi tout le monde ne chercherait pas à se rapprocher de vous par une amitié si intime.