Hébreux 4,14 – 5,10

Le grand-prêtre solidaire des hommes

Père Albert Vanhoye

Le message de l’épître aux Hébreux, p. 43s

         L’autorité du Christ, sa position à la droite de Dieu, pourraient susciter l’impression qu’il est trop haut placé pour s’intéresser au sort des hommes. Elles pourraient inspirer d’autre part une crainte paralysante : comment oser entrer en rapport avec un être aussi glorieux et aussi saint ? De fait, l’union à Dieu dans la gloire ne suffit pas comme base du sacerdoce. Il faut que s’y joigne étroitement l’autre aspect, celui de la capacité d’accueil pour les hommes. Cette capacité ne manque certes pas au Christ glorifié. L’auteur le dit clairement et nous invite à nous avancer avec pleine assurance. En effet, depuis que le Christ s’y est assis, le trône de Dieu n’est plus pour les croyants un endroit dont il serait dangereux de s’approcher : il est devenu le trône de la grâce, car le Christ est notre frère qui connaît par expérience notre situation de faiblesse et est là pour nous aider.

        L’auteur présente une définition de tout grand prêtre dont il montre ensuite l’application au Christ. Il ne s’agit pas d’une définition complète ; elle laisse de côté l’aspect d’autorité pour insister uniquement sur l’aspect de solidarité. Le grand-prêtre est pris entre les hommes et il est établi en faveur des hommes pour les rapports avec Dieu. C’est dans cette optique que l’auteur parle de l’offrande des sacrifices : il discerne dans les prescriptions du rituel ancien l’indice d’une solidarité profonde entre le grand-prêtre et le peuple. Le grand-prêtre appartient à la même race, avec ses faiblesses et ses péchés. La Bible l’atteste, car elle prescrit au grand-prêtre d’offrir pour lui-même aussi bien que pour le peuple des sacrifices pour le péché. C’est dans cette optique encore que l’auteur rappelle la nécessité d’un appel de Dieu : on ne se fait pas grand-prêtre soi-même en s’élevant orgueilleusement au-dessus des autres hommes ; l’accès au sacerdoce demande au contraire une attitude d’humilité devant Dieu, par laquelle on reste uni aux autres hommes.