Hébreux 4, 1-13

Entrons dans le repos de Dieu

Tertullien

Contre Marcion, Œuvres complètes, p. 116s

         Lequel des deux noms est le véritable ? Christ ou Jésus ? Je ne sais qu’une chose, c’est que ces deux noms conviennent parfaitement à mon Rédempteur qui est tout à la fois Christ et Jésus.

        Regardons Josué, dont le nom est le même que Jésus : il est entré dans la Terre Sainte à la tête des Douze tribus d’Israël pour les introduire dans un premier repos ; Jésus, nous dit l’auteur de la lettre aux Hébreux, entre maintenant, et pour toujours, à la tête du peuple racheté dans le repos de Dieu. En effet, comme Ausès, le fils de Navé, était destiné à devenir le successeur de Moïse, il dut recevoir un nom nouveau et commença à être appelé Jésus. Nous affirmons que ce fut une annonce prophétique de l’avenir. Comme Jésus-Christ devait en effet introduire dans la terre de la promesse où coulent le lait et le miel le second peuple que nous sommes, nous nés dans les déserts du siècle. Puisqu’il devait nous introduire dans la possession de la vie éternelle, au-dessus de laquelle il n’y a rien de plus doux, cela devait se faire, non par Moïse, c’est-à-dire par l’ascèse de la Loi, mais par Jésus, c’est-à-dire par la grâce de l’Evangile au bénéfice de ceux qui avaient été circoncis par le tranchant de la pierre, c’est-à-dire les commandements du Christ.

        Le Christ-Jésus revendique cela quand il s’entretint avec Moïse, car qui parlait alors sinon le Christ, Esprit Créateur ? Voilà que j’envoie mon ange devant vous, dit-il formellement au peuple, afin qu’il vous précède, vous garde en votre voie, et vous introduise au lieu que je vous ai préparé. Respectez-le et écoutez ses ordres, et ne le méprisez point, car il ne vous pardonnera point quand vous aurez péché parce que mon nom est en lui. Pourquoi son ange ? A cause des merveilles qu’il devait opérer et de son ministère de prophète promulguant la volonté divine. Pourquoi Jésus ou Josué ? A cause du mystère renfermé dans ce nom rédempteur qu’il devait porter un jour. Il confirma plus d’une fois le nom qu’il lui avait imposé lui-même. Dès lors l’homme de Dieu ne fut plus ni son ange, ni son Osée : il fut toujours Jésus.