Deutéronome 4, 1-8+32-40

La Loi et la foi

Père Paul-Marie de la Croix

L’Ancien Testament, source de vie spirituelle, p. 602s

La Loi donnée au Sinaï va devenir, dans le développement de la foi, le principe d’une étape nouvelle d’importance capitale.

La transcendance et la bienveillance divines, objets propres de toute foi véritable, n’avaient jamais cessé d’être proposées aux esprits, ni d’être perceptibles à des cœurs attentifs. Cependant, dans son ensemble, et malgré tant de prodiges, le foi des enfants d’Israël ne s’était guère élevée au-dessus d’une fidélité intéressée et charnelle. Devant le miracle de la manne, ce pain miraculeux qui pleut du haut du ciel, leur avidité égoïste se manifeste comme plus tard devant la multiplication des pains.

Il fallait que ce peuple connût une réalité nouvelle, et toute spirituelle ; il fallait aussi qu’il en vécût, pour qu’à son tour sa foi devînt spirituelle et vivante. De cette œuvre, la Loi, dans la pensée divine devait être l’instrument.

De la Loi, on ne retient habituellement que le côté extérieur, les exigences matérielles, voire même le formalisme dont, il est vrai, elle fut souvent l’occasion.

Par ailleurs, on la qualifie volontiers de loi de crainte, et l’on n’y voit qu’une préparation très imparfaite à la loi d’amour devant laquelle elle était effectivement appelée à s’effacer. Lais l’on néglige d’ordinaire de considérer son caractère positif, sur lequel un saint Paul a tant insisté, et spécialement son rôle de pédagogue. Ce rôle est cependant essentiel, en particulier lorsqu’on le considère par rapport à la foi.

Qu’on le remarque en effet : à partir du moment où Dieu révèle la Loi à Moïse, les signes se raréfient et se font moins spectaculaires. C’est qu’un ordre nouveau est en passe de s’instaurer.

Jusqu’alors, la foi réclamait surtout une attitude extérieure et collective, ou encore une réponse particulière, relative à une volonté divine déterminée et passagère. Désormais, elle demandera à chacun en Israël un engagement de tout lui-même. C’est intérieurement qu’elle atteint et régit tous et chacun. Elle constitue une trame infiniment serrée, au travers de laquelle rien de la vie ne peut fuir ou échapper : tout devient matière à fidélité, c’est-à-dire à foi.

Par la Loi, ce ne sont plus seulement des actes de foi qui sont exigés en telle circonstance, mais une adhésion d’ensemble, un état habituel de foi, une vie de foi.