Apocalypse 2, 1-11

Ce que le Seigneur approuve

Geoffroy d’Auxerre

Vingt sermons sur l’Apocalypse, sermon IX, p. 111s

        La première parmi les Eglises auxquelles le bienheureux Jean reçoit l’ordre d’écrire, c’est celle d’Ephèse. L’écrit s’adresse à son ange, c’est-à-dire à son évêque, et lui fait savoir ce qui concerne son Eglise, pour que celle-ci, par son message, reçoive ce qui lui est enjoint. Le fidèle messager indique donc au responsable ce qui convient au bien du peuple. Autrement, s’il méprise son pasteur, c’est au peuple et à sa présomption que doit être imputée son errance. Et ce n’est pas à tort que, en ce qui concerne en propre une Eglise, on écrive à son ange, car il est responsable de la bonne conduite ou des manquements de son peuple.

        Je connais ton œuvre, ton labeur et ta persévérance. La connaissance de Dieu signifie souvent dans les saintes Ecritures non seulement un simple savoir, mais une approbation. Tous deux, cependant, se montrent adéquats pour nous alarmer et nous rendre circonspects de toutes les manières, car tout est à nu aux yeux de Celui à qui nous aurons à rendre compte de tout, sa parole nous le rappelle, et même le plus petit acte droitement réalisé, il ne le néglige pas en le méprisant, ni ne le méprise en le négligeant.

        Il approuve donc ici les œuvres de l’empressement spirituel, la pratique du travail, la capacité de supporter la tribulation, le zèle pour la justice, le soin du discernement. La générosité du partage lui plaît encore davantage, pourvu que celui-ci n’émane pas de biens injustement acquis, ni de richesses superflues, mais qu’il provienne du fruit du travail qu’on a soi-même accompli. Le mérite de l’effort volontaire s’y ajoute dans la mesure où l’on supporte aussi les violences extérieures.

        Même la patience envers les injures qu’on reçoit, ou envers n’importe quelle affliction, n’a pas à réprimer la ferveur d’un juste zèle, au point qu’on s’abstienne de reprendre les pécheurs par un blâme opportun. Mais qu’on se garde, en soupçonnant, de porter un jugement téméraire ; qu’on s’efforce d’imiter la prudence de Job quand il dit : La cause que je ne connaissais pas, je l’examinais avec soin. A cela se rapport la cinquième proposition de cette épître, où il est dit que son destinataire a mis à l’épreuve ceux qui se prétendent apôtres, et il les a trouvés menteurs.

        Mais en faisant retour sur la patience, par laquelle on plaît le plus à Dieu, il recommande la raison de celle-ci, la persévérance.