Apocalypse 3, 1-22

La clé de David : l’intelligence des Ecritures

Geoffroy d’Auxerre

Sermon 18 sur les trois premiers chapitres de l’Apocalypse, p. 219s

        Dans l’Apocalypse, c’est de lui-même que parle le Saint et le Vrai, quand il dit : Lui qui détient la clé de David : il ouvre et nul ne ferme, il ferme et nul n’ouvre. Cette clé et cette ouverture par le Saint, des commentateurs les rapportent au pouvoir d’accorder ou de refuser le droit d’expliquer les Ecritures. Par cette clé, le Christ, après sa résurrection, a ouvert aux apôtres leur intelligence pour qu’ils comprennent les Ecritures.

        Ce n’est pas à tort que celui qui s’est compris comme surpassant tous ceux qui enseignent déclare : Tu m’as révélé les secrets cachés de la sagesse. Effectivement, il a su se faire dire par le Saint et le Vrai, auparavant : Voici, tu as aimé la vérité. De fait, comme la vérité est preuve du vrai, ainsi l’amour de la vérité est preuve du saint. Par conséquent, pour que les secrets de la sagesse nous soient manifestés véritablement et efficacement, et pour que, avec le bon zèle, la connaissance du Sauveur nous soit offerte, il est nécessaire que la vérité illumine la raison et que l’amour enflamme la volonté.

        Il est vrai que nos anciens ont peut-être compris cette clé de David comme ouvrant, non tellement pour lui-même que pour les autres, ses paroles, ses psaumes sacrés remplis de mystère, lui que le vrai Connaisseur des cœurs a trouvé selon son cœur en le faisant tel, en le sanctifiant. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle le Seigneur, faisant l’impasse sur tous les autres prophètes, rappelle qu’il dispose de la clé de David en vue de mettre spécialement en relief la profondeur trop peu connue de son Ecriture. De ce fait, David a enseigné en esprit que lui-même portait le titre de Seigneur, et cela non seulement à partir de ce psaume, mais aussi à partir d’autres paroles de lui : Moi, j’ai dit, vous êtes de dieux, fermant ainsi la bouche à ses adversaires, et à l’heure de sa mort, au début du psaume 21, il s’est écrié : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?