Genèse 24, 1-27

Le mariage d’Isaac et de Rébecca, figure du baptême

Saint Césaire d’Arles

Sermon 85, 3-4, Sur le serviteur d’Abraham qui fut envoyé à Rébecca

        En envoyant son serviteur Eliézer à la recherche d’une épouse pour son fils Isaac, Abraham est une image de Dieu : il envoie son serviteur vers une région reculée comme Dieu le Père devait envoyer la parole prophétique par toute la terre, afin d’y chercher une épouse pour son Fils unique, l’Eglise. C’est par le serviteur d’Abraham que la fiancée est conduite à Isaac ; c’est par la parole des prophètes que, des régions lointaines, l’Eglise des nations est invitée à venir au Christ, l’Epoux véritable.

        Où va-t-on la trouver cette épouse qui doit être unie au Christ ? N’est-ce pas au bord des eaux ? Si l’Eglise n’était venue vers l’eau du baptême, elle n’aurait pas été unie au Christ. Ainsi, Rébecca trouva le serviteur d’Abraham près d’un puits, et l’Eglise trouve le Christ dans le sacrement du baptême.

        Que se passa-t-il ensuite ? Le serviteur prit des boucles d’oreilles et des bracelets en or et les donna à Rébecca. Voyons, frères, comment le Christ, à son tour, a gratifié l’Eglise de ses joyaux : pour parer le visage de Rébecca, le serviteur lui a offert des boucles d’oreilles en or ; à l’Eglise, pour qu’elle les écoute, le Christ a donné les paroles divines, plus précieuses que toutes les perles du monde. Aux mains de Rébecca, le serviteur a passé des bracelets ; entre les mains de l’Eglise, le Christ a mis des œuvres saintes à accomplir. Remarquez bien cela, réjouissez-vous et rendez grâce à Dieu, car ce qui avait eu lieu en figure s’est réalisé en nous par la grâce du Christ. Rébecca, en effet, n’avait jamais eu d’autres bijoux que les boucles d’oreilles et les bracelets offerts par le serviteur d’Isaac ; ainsi l’Eglise ne peut avoir à l’oreille les paroles de Dieu, ni dans les mains les œuvres de justice, si le Christ ne les lui donne par sa grâce et par ses apôtres.

        Après cela, la jeune fille est interrogée par ses parents : Veux-tu aller avec le serviteur ? Elle répond : Je le veux. Cette circonstance s’accomplit aussi dans l’Eglise : à Rébecca, on a demandé sa volonté ; de l’Eglise, on requiert un engagement. On lui dit : Crois-tu au Christ ? Elle répond : Je crois. Rébecca n’aurait pas été conduite à Isaac si elle n’avait dit : Je le veux. L’Eglise ne serait pas unie au Christ si elle ne disait : Je crois.

        Le serviteur prit donc Rébecca et la présenta à Isaac. Mais où trouve-t-il le fils de son maître ? Près du puits du serment ! C’est près d’un puits que le serviteur a trouvé Rébecca, et c’est encore près d’un puits que Rébecca trouve Isaac. Il en est de même pour la réalité préfigurée ici : le Christ ne peut trouver l’Eglise, et l’Eglise ne peut trouver le Christ ailleurs que dans le sacrement du baptême.