Luc 1, 67-79

Le Benedictus

Origène

Homélie 10 sur saint Luc, SC 87, p. 181s

 

Rempli de l’Esprit-Saint, Zacharie fait deux prophéties assez générales, l’un sur le Christ, l’autre sur Jean-Baptiste. Cela ressort nettement de ses paroles, car il parle d’abord du Sauveur comme d’une personne déjà présente, vivant dans le monde, et de Jean ensuite. Rempli du Saint-Esprit, il prophétise : Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël, parce qu’il a fait visite et accordé délivrance à son peuple. Parce que Dieu visitait son peuple pour le racheter, Marie resta avec Elisabeth trois mois après l’Annonciation de l’ange afin que, par une puissance ineffable, le Sauveur présent préparât non seulement Jean, mais encore Zacharie. De fait, lui aussi progressait peu à peu, durant ces trois mois, sous l’influence de l’Esprit-Saint ; sans le savoir, il était formé par Dieu, et il fit cette prophétie concernant le Christ : Qui a accordé la délivrance à son peuple et nous a suscité le sommet du salut dans la maison de David, parce que De la race de David selon la chair, est né le Christ.

En vérité, ce fut vraiment le sommet du salut dans la maison de David, puisque la prophétie fait écho à ce texte : La vigne était plantée sur un sommet. Sur quel sommet ? Sur le Christ Jésus, sur celui dont il est écrit maintenant : Il a suscité le sommet du salut dans la maison de David, son serviteur, comme il l’avait dit par la bouche des saints prophètes. Zacharie poursuit :  Pour nous délivrer de nos ennemis. Il n’est pas question ici d’ennemis au sens physique, mais d’ennemis spirituels. En effet, le Seigneur Jésus est venu fort dans le combat, afin de détruire tous nos ennemis, de nous délivrer de leurs pièges, et de nous libérer de la main de tous nos ennemis et tous ceux qui nous haÏssent.

Pour faire miséricorde à nos pères. Je pense qu’à la venue du Seigneur Sauveur, Abraham, Isaac et Jacob ont profité de la miséricorde de Dieu. On ne peut pas croire que ces hommes, qui ont prévu ce jour et s’en sont réjouis, n’aient rien gagné à la venue du Seigneur le jour de sa naissance virginale. Que dire encore au sujet des patriarches ? Je dirai que la présence du Seigneur Jésus et son Incarnation ont profité non seulement à la terre, mais au ciel. C’est ce que dit saint Paul : Par le sang de la Croix, faisant la paix sur la terre et dans les cieux. Si donc la présence du Seigneur a été utile à la terre et au ciel, pourquoi avoir peur de dire que sa venue a été utile aux patriarches, afin que s’accomplisse la parole : Pour faire miséricorde à nos pères et se souvenir de son Alliance sainte, du serment fait à Abraham notre père, de nous accorder d’être sans cesse délivrés de nos ennemis.