Romains 8, 1-17

La libération par l’Esprit

Origène

PG 14, 1091-1093

 

          Le tiraillement qui existe chez ceux qui, engagés dans un combat, vivent par l’Esprit selon la Loi de Dieu, mais sont entraînés dans la loi du péché par les désirs de la chair, l’apôtre l’a montré précédemment. Il parle maintenant de ceux qui, désormais, ne sont plus en partie dans la chair, et en partie dans l’Esprit, mais sont intégralement dans le Christ. Il déclare qu’en eux il n’y a rien à condamner, car la Loi de l’Esprit de vie dans le Christ- Jésus les a libérés de la loi du péché et de la mort. Or, la loi de l’Esprit de vie, c’est la même chose que la Loi de Dieu, de même que la loi du péché est la même chose que celle de la mort. Donc, il n’y aura rien à condamner chez ceux qui sont totalement libérés de la loi du péché qui est la loi de mort, et servent la Loi de Dieu qui est la loi de l’Esprit. Mais servir la Loi de Dieu et être sous la loi de l’Esprit, c’est la même chose que de servir le Christ. Et servir le Christ, c’est la même chose que servir la sagesse, la justice, la vérité, et toutes les vertus à la fois. Il ne faut donc pas penser qu’en un instant, et à volonté, quelqu’un soit transféré du service de la loi du péché  à cet état que Paul appelle être dans le Christ, de sorte que désormais il ne reste en lui rien qui puisse encourir la condamnation du péché. Car la justice réclame sa part en chacun : elle éprouve s’il est purifié et corrigé, jusqu’à ce qu’elle ne trouve en lui aucune œuvre injuste qui donnerait lieu à la condamnation. De même, la vérité réclame en chacun sa part : s’il est transféré de la loi du péché, rien en lui ne doit être contaminé par le mensonge. La chasteté contrôle sa part : n’est-elle tachée, en lui, par aucun désir impudique ? De même la piété et la sagesse contrôlent leur part en chacun : si elles trouvent que tout en lui est juste et intègre, alors il sera compté comme étant dans le Christ, et n’ayant rien en lui qui mérite la condamnation. Il va sans dire que tout cet ensemble se conquiert à l’usage par un long exercice et un labeur toujours vigilant. Et donc, certainement, cela ne vient pas tout seul aux fainéants et aux paresseux, mais en progressant peu à peu : d’abord on pèche peu, puis très peu, et enfin, s’il est possible d’y arriver, on ne pèche plus du tout. C’est à cela que pense l’apôtre quand il écrit : Oubliant ce qui est derrière moi, et tendu vers ce qui est en avant…