Matthieu 2, 1-12

Hérode et les Mages

Saint Pierre Chrysologue

Sermon sur l’Epiphanie et les Mages, sermon 158 (internet)

 

Si Hérode appelle les Mages en secret, c’est parce qu’un esprit double, une conscience tortueuse n’ose rien faire ouvertement. Il les appelle en secret parce que le voleur aime la nuit et que dans l’obscurité le bandit tend ses pièges.

Hérode s’enquiert  avec soin du temps où est apparue l’étoile, mais, tout en craignant le règne possible, il ne redoute pas le signe du ciel, il n’a pas peur du Créateur des temps. Pourquoi es-tu troublé, Hérode ? Pourquoi es-tu réellement en peine au sujet de ton successeur ? Celui pour qui les astres militent n’est pas maîtrisé par un simple pouvoir terrestre.

Hérode, tu te trompes : le Mage a reçu l’ordre d’adorer, non de faire des rapports ; il est venu comme témoin, non comme traître ; il lui a été donné de voir, il ne t’a pas été donné à toi de trouver.

Hérode, le serviteur rebelle a appris la naissance du Seigneur ; à ce nouveau-né, il prépare des pièges à la place d’hommages, et il prémédite de donner la mort pour s’exempter de la servitude. Mais parce que Dieu ne pouvait être anéanti, ni le salut périr, ni la vie mourir, le Seigneur demeure dans toute sa gloire, tandis que le serviteur demeure dans son crime. Et celui qui a refusé avec mépris de venir offrir son hommage est traîné au châtiment.

Hérode veut mentir, mais n’y parvient même pas. Il avait simulé l’adoration pour pouvoir exercer sa cruauté, et il arriva qu’il soit quand même ployé  vers des tourments, jeté aux supplices, abattu dans le châtiment. Mais une fois passée la nuée de la perfidie des Juifs, les Mages reverront dans la sérénité de la foi chrétienne l’étoile vue précédemment, et, sous sa conduite prévenante, ils parviendront au lieu sacro-saint de la naissance du Seigneur.

Alors ils offrent en hommage au Seigneur de l’or, comme à un roi, de l’encens, comme à un Dieu, de la myrrhe, comme à un mortel, et ce sont là de grands trésors, riches de sens pour les croyants de l’avenir. Ainsi rentrent-ils chez eux par le chemin de l’innocence ceux qui ont foulé, pour sa ruine, la voie de la duplicité d’Hérode.