Romains 3, 21-31

L’évangile, accomplissement de la Loi

Saint Irénée de Lyon

Contre les hérésies, IX, 16, 4, p. 453s

 

Moïse présenta la Loi de Dieu, le Décalogue, aux enfants d’Israël, et conclut ainsi : Telles sont les paroles que vous adresse le Seigneur et il n’y ajoute rien. Moïse dit encore : Et maintenant, Israël, que te demande le Seigneur ton Dieu, sinon de craindre le Seigneur ton Dieu, de marcher dans toutes ses voies, et de l’aimer, et de servir le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme ? C’est cela, en effet, qui rendait l’homme glorieux, en venant combler sa pénurie, c’est-à-dire en lui procurant l’amitié de Dieu ; mais à Dieu, cela n’apportait rien, car Dieu n’avait pas besoin de l’amour de l’homme ; l’homme se trouvait privé, lui, de la gloire de Dieu, et cette gloire, il ne pouvait l’obtenir autrement que par le service de Dieu. C’est pourquoi Moïse leur dit encore : Choisis la vie afin de vivre, toi et ta postérité, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui, car c’est cela qui est ta vie et la longueur de tes jours.

          C’est précisément pour préparer l’homme à cette vie que le Seigneur a, par lui-même et pour tous pareillement chez nous, après avoir reçu extension et accroissement, mais non abolition, du fait de sa venue charnelle. Quant aux préceptes de la servitude, il les a, par l’entremise de Moïse, intimés à part au peuple, comme adaptés à leur éducation, ainsi que le dit Moïse lui-même : Le Seigneur me commanda en ce temps-là de vous enseigner les prescriptions et les jugements. C’est pourquoi les préceptes qu’il leur avait donnés pour la servitude et comme des signes, il les a abolis par la nouvelle alliance de liberté ; mais les préceptes naturels, qui conviennent à des hommes libres, et qui sont communs à tous, il les a accrus, accordant aux hommes avec libéralité, de connaître Dieu comme Père par la filiation adoptive et de l’aimer de tout leur cœur, et de suivre son Verbe sans s’en détourner , en s’abstenant non seulement des actes mauvais, mais même de leur désir. Il a accru aussi la crainte, car il sied à des fils, et de craindre plus que des esclaves, et d’aimer davantage leur Père. C’est pourquoi le Seigneur dit : De toutes paroles qu’ils auront dites, les hommes rendront compte au jour du jugement. Il veut nous apprendre par là que ce n’est pas seulement de nos actes que nous rendrons compte à Dieu, mais aussi de nos paroles, de nos pensées, comme des gens qui ont reçu le pouvoir de la liberté : c’est davantage dans l‘exercice de la liberté qu’on éprouve si l’homme respecte et aime le Seigneur.