Exode 13, 1-16

Marie, celle qui donne

Dom Joseph Lemarié

La manifestation du Seigneur, p. 476s

 

          Marie vient présenter son  enfant au Seigneur, dans un élan généreux de désappropriation. Elle le lui offre pour l’œuvre à laquelle elle sait qu’il doit se consacrer : établir le règne qui n’aura point de fin en sauvant son peuple de ses péchés.

          Et voici que, de ses mains maternelles, ce peuple en la personne de Siméon, reçoit son salut et l’acclame. Et Siméon, poursuit une antienne du Magnificat, le reçut dans ses bras et bénit Dieu éternellement. Le rapprochement établi ainsi entre les deux gestes, celui de la Vierge qui donne et celui de Siméon qui reçoit, est particulièrement heureux. Il traduit, sous une forme concrète, une réalité surnaturelle dont l’importance ne saurait être surestimée, réalité à laquelle la présente solennité donne un relief singulier. Marie, venant offrir son Fils au Seigneur Dieu d’Israël, au Père, vient l’offrir en même temps au monde qui était en attente de son Sauveur. La Vierge, elle qui donne, la vie au monde ; elle est, selon l’expression d’une antienne liturgique, la Porte du ciel par laquelle la lumière est venue jusqu’à nous.

          Un bénédictin du VIIIème siècle, Ambroise Autpert, abbé de Vulturne, dit très justement dans un sermon pour le 2 février : Au prophète Siméon, Marie offre celui qui est le Seigneur des prophètes ; son Unique, elle l’offre à lui seul, mais en lui, c’est à tous qu’elle l’offre, comme c’est pour tous qu’elle avait mis au monde ce Sauveur. Jusqu’à présent, en effet, elle ne cesse d’offrir Celui qu’elle a engendré, unissant les élus du Rédempteur par sa sainte intercession, et cela, assurément, elle le fait avec toute sa tendresse maternelle. Car tous ceux que la grâce divine unit au Christ, elle les regarde comme ses fils.

          Le geste que Marie accomplit au Temple traduit admirablement le don qui s’opère en elle. Jésus est le don vivant et vivifiant du Père, mais il a voulu dépendre d’une femme, sa Mère, pour être effectivement donné. Et ce qui eut lieu dans le temps de la vie terrestre du Seigneur demeure éternellement : c’est toujours par sa Mère que le Seigneur vient à nous ; c’est toujours par elle qu’il se donne à l’Eglise.