Matthieu 6, 1…18

Ascèse dans la vérité

Dom Adrien Nocent

Célébrer Jésus-Christ, L’Année Liturgique, la Carême, p. 38s

 

           La prière est l’activité première du Carême : elle y trouve une sorte de rénovation. Tout se tient, en effet, dans la vie spirituelle. Si le temps du jeûne exige la prière, l’effort d’ascèse, l’effort de libération du poids de la chair, la volonté de rejoindre le prochain sur son propre terrain dans un amour fraternel généreux réagissent sur la qualité et la puissance d’attaque de la prière.

          Il n’y a aucun doute, écrit saint Augustin, que le jeûne est utile : ainsi l’homme fait la preuve de ce qu’il veut obtenir, de ce qu’il demande lorsqu’il s’afflige du jeûne. D’où il est dit dans le livre de Tobie : La prière est bonne, celle qui est accompagnée du jeûne. Pour que la prière soit acceptée, elle doit être accompagnée du jeûne.

          Le même saint Augustin disait encore à ses fidèles dans un sermon de Carême : Pour que nos prières puissent prendre plus facilement leur essor et parvenir jusqu’à Dieu, il faut leur donner les deux rites de l’aumône et du jeûne. Notre prière, appuyée sur l’humilité, et la charité sur le jeûne et l’aumône, sur l’abstinence et le pardon des injures, sur le soin que nous aurons de faire le bien au lieu de rendre le mal, d’éviter le mal et de pratiquer le bien, cherche la paix et l’obtient, car cette prière vole, soutenue et portée par les cieux où nous a précédé Jésus-Christ, qui est notre paix. Ces pieuses aumônes et ce jeûne frugal sont les ailes qui, dans ces jours saints, aideront notre prière à monter vers le ciel.

          On voit comment saint Augustin relie les trois activités du jeûne, de la prière et de l’aumône. Pour lui, le Carême qui doit être un temps de prière avant tout, est la période qui enrichit  le plus la prière et l’affine car elle lui donne l’aliment dont elle a besoin pour s’élever : Car la prière a une nourriture qui lui  est propre et qu’on lui commande de prendre sans interruption. Que toujours elle s’abstienne de haine et qu’elle se nourrisse constamment d’amour.