Deutéronome 10,12 – 11,7+26-28

« Tard je t’ai aimée… »

Saint Augustin

Les Confessions, p. ???s

 

          Tard je T’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je T’ai aimée. Tu étais au-dedans de moi, et moi, j’étais encore au-dehors de moi.

C’est alors que je Te cherchais ; c’est sur tes créatures que je me ruais. Tu étais avec moi, et moi je n’étais pas avec Toi. J’étais retenu par ce qui ne serait rien sans Toi.

          Tu m’as appelé, et ton cri a fini par forcer ma surdité. Tu as brillé et ton éclat a réussi à chasser ma cécité. Tu as exhalé ton parfum, et j’ai pu le respirer.

          Et voici que pour Toi, je soupire. Je T’ai goûtée, ô Beauté, et maintenant j’ai faim de Toi, j’ai soif de Toi. Tu m’as touché, et j’ai brûlé d’ardeur pour la paix que Tu donnes.

          Quand je Te serai uni de tout moi-même, pour moi, plus de douleur, plus de fatigue. Ma vie, toute remplie de Toi, alors deviendra la vraie Vie.

          Celui que Tu remplis, Tu le libères.

          Maintenant que je ne suis pas encore plein de Toi, aussi me suis-je à charge à moi-même.

          Seigneur, prends pitié de moi ! Regarde-moi !

          Je ne Te cache pas mes plaies ; j’ai confiance en Toi. Tu es le médecin, je suis le malade. Tu es miséricordieux ; je suis misérable.

          Toute mon espérance n’est qu’en Toi, ô Miséricorde !

          Donne-moi ce que Tu commandes, et commande ce que Tu veux

          Tu me commandes la continence ; mais, dit l’Ecriture, nul ne peut l’avoir si le Seigneur ne la lui donne.

          Il ne T’aime pas assez, celui qui aime aussi autre chose que Toi, sans l’aimer pour Toi.

          Ô Amour, Toi qui brûles toujours sans jamais T’éteindre, Charité, mon Dieu, embrase-moi !

          Donne-moi ce que Tu commandes, et commandes ce que Tu veux !