Deutéronome 4, 1-8+32-40

La dynamique de la Loi et de la terre

Père Claude Wiéner

Valeur inestimable de la Loi du Seigneur, AS 53, p. 34s

 

Et maintenant, Israël, écoute. L’appel a un caractère d’urgence qui vise le peuple de Dieu comme tel, au long de son histoire. Déjà pour l’auteur du passage, l’aujourd’hui du texte n’est pas seulement celui des Hébreux du temps de l’exode ; c’est celui d’Israël à toute époque où il se trouve à la croisée des chemins, revivant l’expérience fondamentale de l’exode. Cette expérience, c’est celle de la vie sauvée par Dieu. Car la mort guette Israël : c’est l’Egypte qui veut l’anéantir, c’est le désert avec ses dangers multiples, depuis la faim et la soif jusqu’au découragement qui ôte le courage de marcher, c’est l’entrée en Canaan, au bout de la route, avec l’obligation de s’installer malgré toutes les oppositions ou sinon de mourir. Et, à toutes les étapes, Dieu donne la vie et fait échapper à la mort. C’est tout cela que représente la possession de la terre promise ; elle est le symbole même de la vie enfin assurée et de la paix ce dont Israël a besoin à toutes les étapes de son histoire : Ainsi vous vivrez, et vous entrerez en possession de la Terre. Le fait que cette formule soit reprise dans les Béatitudes en saint Matthieu nous en dit la portée, sans commune mesure avec l’événement limité de la conquête de Canaan.

Mais cette arrivée dans la vie, cette possession de la Terre, sont conditionnées par deux éléments, qui sont en fin de compte les éléments constitutifs de l’Alliance, toujours présente à la pensée du Deutéronome : l’un vient de Dieu, et il est stable par nature ; l’autre vient de l’homme et fait sans cesse appel à sa responsabilité.

L’élément qui vient de Dieu, c’est une élection qui remonte aux origines, et qu’évoque tout au long du Deutéronome la référence aux pères. Si Dieu conduit Israël à travers tous les obstacles vers cette terre qu’il veut lui donner en possession, c’est qu’il l’a promis à Abraham, Isaac et Jacob, et qu’il ne reniera pas cet engagement qui est à la source même de l’existence d’Israël.

Mais cette fidélité divine ne peut se manifester normalement sans un engagement de l’homme, concrétisé par l’obéissance aux commandements, décrets, ordres communiqués par Moïse. Il s’agit d’écouter, de garder, de mettre en pratique. Ces mots reviennent sans cesse tout au long du Deutéronome, car c’est sur ce terrain que se joue l’option quotidienne qui manifeste la fidélité à l’Alliance ; c’est en répondant à  cet appel que l’homme marche sur le chemin par lequel son Dieu le conduit à la vie.