Lamentations 2, 10-22

Le repas de la Pâque juive au temps de Jésus

Daniel-Rops

La vie quotidienne en Palestine au temps de Jésus, p. 431s

 

          La Pâque, au temps du Christ, se célébrait le 14 Nisan ; la date était fixe, au contraire de celle de la Pâque chrétienne, les mois juifs étant lunaires. Les cérémonies duraient une semaine, les plus importantes avaient lieu le premier et le dernier jour. Les rites étaient, en principe, ceux qu’on trouvait indiqués au chapitre 12 de l’Exode.

          Le traité Pessahim nous a gardé le détail de ce repas. Aucun des os de l’agneau pascal ne devait être brisé ; il fallait le rôtir, non le bouillir. Quand il était à point, on trempait d’abord le pain azyme dans une sauce rouge, et l’on buvait une première coupe  en prononçant une bénédiction, puis en récitant le psaume 113 A qui raconte la sortie d’Egypte du Peuple élu. Quelques gouttes d’eau salée étaient absorbées ensuite, en souvenir des larmes qu’avaient versées les aïeux. Puis, on commençait à manger l’agneau, accompagné des herbes amères, raifort, laurier, thym, origan et basilic. Deux autres coupes suivaient, passées de main et main, puis une troisième, solennelle, dite coupe de bénédiction. C’était alors que l’assistance entonnait le Hallel, le chant d’action de grâces, formé des psaumes 113 B à 117 : Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rapporte la gloire pour ton amour et ta vérité ! Au moment où retentissait, vers la fin du dernier psaume, le verset : Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur !, on se passait la quatrième coupe, en principe la  dernière. Toute cela était obligatoire, si obligatoire que même les pauvres, s’ils n’avaient pas de quoi s’acheter l’agneau, le vin, et les herbes, les recevaient de la communauté. Mais les riches pouvaient continuer à manger et à boire, à condition de ne pas dépasser la cinquième coupe.

          C’était une fête joyeuse que la Pâque. Elle est savoureuse comme l’olive, dit le Talmud, et le Hallel doit briser le toit des maisons. Mais c’était aussi une fête fervente, une fête méditative, où chaque fidèle pouvait se sentir mystiquement lié au destin de son peuple, lui-même appelé à la délivrance, la seule délivrance qui compte, celle qui l’arrache à la servitude du péché. Ce n’est point par hasard qu’utilisant le pain et le vin du rite traditionnel, le Christ, durant le repas de la dernière Pâque, donnera aux siens le gage de la suprême délivrance, en disant : Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang.