Marc 14,1 – 15,47

«  L’heure est venue »

Adrienne von Speyr

Saint Marc, Points de méditation, p. 659s

 

          « L’heure vient », maintenant elle est venue, cette heure constamment attendue est arrivée, cette heure pour laquelle le Fils s’est fait homme, dans l’attente de laquelle il a vécu chaque jour. Elle est irrévocablement arrivée. Jésus n’essaie ni de la reporter, ni de l’oublier ; il en prend conscience et le dit aux siens. Il la leur explique avec précision : c’est l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs par les  traîtres. Autrefois, il s’est désigné de diverses façons, il est l’un d’entre nous, il est le frère, il est le maître, il est le Messie, il est le Fils de Dieu, il est le serviteur qui livre sa chair et son sang pour tous et qui sacrifie sa vie pour la multitude des pécheurs. Ici, il est le Fils de l’homme, le fils de Marie, la Vierge, et le fils de tous les croyants. Et eux, les siens, les croyants, doivent vivre avec le Père la mort de son Fils comme la mort de leur fils. Il n’est pas du tout nécessaire de réfléchir davantage à ces relations, par exemple sur le rôle que l’homme joue vis-à-vis du Père. Mais on doit savoir que le Fils entre dans la Passion comme Fils de l’homme, que cela nous concerne, qu’il est à ce moment chair de notre chair. Non pas seulement dans un sentiment de fraternité, mais dans une dépendance bien plus essentielle. Et l’heure qu’il a toujours attendue est l’heure où il est livré, lui, le fils de tous les hommes, de tous les pécheurs aussi ; il est livré aux pécheurs. Il n’est offert ni théoriquement, ni divinement, mais humainement avec son corps. Les coups atteignent le corps épuisé, la mort l’achève, lui qui n’en peut plus de faiblesse, de fatigue, de douleur, d’outrage, de mépris, du poids du péché. Il est livré, cela signifie qu’aucun combat franc n’aura lieu, aucune rencontre spirituelle. Si le Seigneur continue à donner encore beaucoup dans une force virile et chrétienne, si son esprit rayonne et atteint divinement ceux qui sont touchés par la grâce, son corps est déjà livré. Dans l’ultime oblation qui ne connaît pas d’esquive, mais le seul accomplissement de la volonté paternelle.

          L’heure est venue, Levez-vous ! Allons ! Il essaye encore une fois de les prendre avec lui, il leur offre cette chance. Son courage est le courage de celui qui fait la volonté du  Père. Maintenant que l’heure est venue, il peut avancer. Alors il se met en route.