Hébreux 2, 5-18

« Il est Celui qui nous sanctifie , nous sommes les sanctifiés »

Saint John-Henry Newman

Sermons paroissiaux, La sainteté chrétienne, sermon 7, OC 5, p. 84s

 

          La naissance de notre Sauveur dans la chair constitue le gage et, en quelque sorte, le commencement de notre naissance dans l’Esprit. C’est tout à la fois une image, une promesse, et la garantie de notre nouvelle naissance, en même temps que l’accomplissement de la promesse qu’elle contient. De même que lui est né, de même nous aussi nous sommes nés ; et parce que lui est né, nous aussi avons pu naître. De même qu’il est Fils de Dieu par nature, ainsi nous aussi sommes fils de Dieu par grâce, et c’est lui qui nous a rendus tels. Comme dit le texte de la lettre aux Hébreux, il est celui qui nous sanctifie, et nous sommes les sanctifiés. Bien plus, est-il précisé, lui et nous sommes un. Certes Dieu sanctifie les anges, mais dans ce cas, le Créateur et la créature ne forment pas un. Tandis que le Fils de Dieu et nous ne formons qu’un. Il est devenu le premier né de toute la création, il a pris notre nature, et c’est en elle et par elle qu’il nous sanctifie. Il est notre frère en vertu de son Incarnation, et c’est pourquoi il ne rougit pas de nous nommer frères ; après avoir sanctifié notre nature en lui-même, il nous communique cette sainteté.

Tel est le grand mystère dont la miséricorde est le commencement et la sainteté la fin. Telle est la merveilleuse économie de la grâce, le mystère de la sanctification que nous devons sans cesse garder à l’esprit. Celui qui est toute pureté est venu au milieu d’une race d’impurs, afin de les élever jusqu’à sa pureté. Lui, l’éclat de la gloire de Dieu, est venu dans un corps de chair qui était pur et saint comme lui-même, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais saint et sans défaut : il l’a fait pour nous afin que nous ayons part à sa sainteté. Il n’avait nul besoin d’une nature humaine pour lui-même, car il était la perfection même dans sa nature divine originelle, mais il a pris sur lui ce qui était à nous, et c’est pour nous qu’il l’a fait. Il est venu nous communiquer cette nature telle qu’elle est dans sa Personne, afin de nous rendre participants de sa nature divine, de semer dans nos cœurs la semence de la vie éternelle pour nous élever à cette pureté immaculée et  à cette plénitude de grâce qui sont en lui.