Deutéronome 29,1-5 + 9-28

L’alliance : un devoir de l’homme envers son prochain

Père Paul van Imschoot

Théologie de l’Ancien Testament, tome I, p. 218s

 

          L’alliance, dans l’Ancien Testament, unit étroitement ceux qui s’y engagent volontairement et leur impose des devoirs mutuels, qui ne sont pas nécessairement égaux pour les deux partenaires. Elle s’accompagne fréquemment d’un serment. D’ailleurs le serment est, lui aussi, une promesse qui engage l’homme, soit par la puissance magique des mots ou du geste, soit par la puissance de la divinité nommée dans la formule du serment. Celle-ci a très souvent la forme d’une malédiction conditionnelle, qui doit s’accomplir, si celui qui promet ne dit pas la vérité, ou ne réalise pas sa promesse. En Israël, la réalisation de la menace prononcée est attendue de la divinité : Que Dieu me fasse ceci, c’est-à-dire me punisse, et qu’il ajoute ceci, si tu ne meurs pas. Le sens de cette formule était-il précisé par un geste tel que celui de se frapper ? Ou le serment imprécatoire exprimait-il explicitement les maux qu’il appelait sur la personne visée ? Mais parce qu’il était dangereux de reproduire des paroles d’une efficacité aussi redoutable, le narrateur oriental les a-t-il remplacées par une formule vague, et a-t-il ajouté : Et qu’il dit (il, c’est-à-dire Dieu) : ajoute encore ceci. On jure aussi par la vie de Dieu, par sa propre vie, ou par la vie de la personne à qui l’on s’adresse : Dieu est vivant et ton âme est vivante, c’est-à-dire aussi vrai que Dieu vit et que tu vis ; ou bien l’on prend Dieu à témoin, ou comme juge de la vérité de sa parole. L’alliance et le serment imposent donc  des devoirs sacrés, garantis et sanctionnés par la divinité. C’est pourquoi l’on parle d’une alliance de Dieu ou d’un serment de Dieu.

          Le principal devoir qu’imposent l’alliance et le serment est la miséricorde, que l’on traduit d’ordinaire par misericordia, mais qui en hébreu a un sens beaucoup plus étendu et plus complexe que la pitié, la commisération ou la bonté : en hébreu, ce mot comporte l’assistance, la loyauté, l’amour que se doivent ceux qui sont unis par les liens de la parenté, du sang, de l’amitié, de l’hospitalité, de l’alliance et du serment. Un tel homme est souvent mis en parallèle avec un homme loyal, sûr, honnête, lequel accomplit loyalement le devoir de solidarité, le jugement vrai, juste, en même temps que la compassion, tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un parent, d’un ami, d’un concitoyen, d’un hôte, d’un ami fidèle, et d’une certaine façon de Dieu.