Hébreux 13, 1-25

« N’oubliez pas l’hospitalité »

Saint Jean Chrysostome

Homélie 41 sur la Genèse, PdF 106, p. 54s

 

          Considérons la vertu d’Abraham, le juste ; il était assis à l’entrée de sa tente, à midi. Il mettait tellement en pratique l’hospitalité, qu’il ne supportait pas même de confier à ses gens la recherche des étrangers. Lui, il aimait accueillir, et même sa vieillesse ne constituait pas pour lui un empêchement. Lui, le juste, était assis à midi à la porte de sa tente : il savait que c’est surtout à cette heure-là, midi, que ceux qui sont contraints de voyager ont besoin qu’on prenne grand soin d’eux ; pour cette raison il a choisi ce moment comme approprié. Assis, il était à l’affût de ceux qui se présentaient, considérant le soin des voyageurs comme son propre repos, et il s’empressait de mettre à l’abri ceux qui étaient brûlés par la chaleur et le soleil, sans poser des questions indiscrètes aux hôtes, ni examiner s’ils étaient connus ou inconnus. Car le propre de l’hospitalité, ce n’est pas de poser des questions, mais de faire part de sa bonté à tous les hôtes.

          Comme Abraham avait largement déployé le filet de l’hospitalité, il fut jugé digne de recevoir le Maître de toutes choses avec ses anges. C’est pour cette raison que l’auteur de la lettre aux Hébreux disait : N’oubliez pas l’hospitalité, car c’est grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, hébergèrent des anges ; il faisait évidemment allusion au patriarche Abraham. C’est pour cette raison aussi que le Christ disait : Quiconque accueille l’un des plus petits en mon nom, c’est moi qu’il accueille. Ecoutons cela, bien-aimés, et quand nous nous apprêtons à pratiquer l’hospitalité, ne cherchons jamais à savoir qui est notre hôte, ni d’où il vient. Car si Abraham avait cherché à savoir cela, peut-être aurait-il manqué le but. Mais il connaissait, dira-t-on, la dignité des hôtes. Où le voit-on ? Et pourquoi aurait-il été admiré dans ce cas ? Car s’il avait cherché à savoir, son hospitalité n’aurait pas été aussi admirable que lorsque, ignorant l’identité des hôtes, il s’avance maintenant vers eux avec tant d’ardeur et de déférence, comme un serviteur vers ses maîtres, les enchaînant pour ainsi dire par les liens de ses paroles et les priant de ne pas refuser, de ne pas lui infliger une très lourde perte. Il savait ce qu’il faisait ; c’est pourquoi il récolta très abondamment le profit de son action.