Hébreux 5,11 – 6,8

Vers l’enseignement parfait

Père Pierre Grelot

Une lecture de l’épître aux Hébreux, p. 48s

 

          L’auteur de la lettre aux Hébreux veut dépasser l’enseignement élémentaire pour passer aux instructions complètes qui conviennent à des adultes dans la foi. L’énumération qu’il fait nous donne quelque idée de ce qui constituait alors l’enseignement donné aux catéchumènes. L’allusion au repentir des œuvres mortes suppose le changement de vie qui accompagne la conversion. Si les destinataires de cette lettre sont des Juifs, il ne faut sans doute pas entendre par là le repentir d’une vie mauvaise : ils pouvaient être de fidèles observants de la Loi. Mais peut-être les œuvres de la Loi font-elles partie ici de ces œuvres mortes auxquelles il ne faut plus faire confiance. Dans ce cas, l’auteur rejoindrait un aspect essentiel de la pensée de l’apôtre Paul. Comme les destinataires sont des Juifs, la foi en Dieu était assurée d’avance. Mais comment comprenaient-ils, avant leur accès à la foi chrétienne, l’action de Dieu dans le monde, puisque le Christ n’était pas encore pour eux le médiateur du salut ?

          La mention des baptêmes, au pluriel, fait peut-être allusion à la différence entre le baptême chrétien et celui de Jean, que des groupes de baptistes continuaient alors d’administrer. L’imposition des mains, citée ensuite, était susceptible de plusieurs valeurs : dans les Actes des Apôtres, elle concerne soit le don de l’Esprit-Saint, soit un envoi en mission spéciale pour deux hommes qui exercent déjà des ministères dans la communauté locale, soit le don de l’Esprit Saint à de nouveaux baptisés. Le pluriel du mot  en 6,2 peut concerner cette diversité de fonctions attribuée au geste dans l’Eglise du temps. Quant à la résurrection des morts et au jugement éternel, c’étaient des doctrines juives qui recevaient un nouveau sens dans un enseignement fondé sur l’Evangile.

          Telles étaient les grandes lignes de l’enseignement  élémentaire pour les nouveaux baptisés que l’Eglise du IV° siècle nommera la catéchèse ad illuminandos. Cette lettre est adressée à des gens qui ont été déjà illuminés, qui ont goûté le don céleste et sont devenus participants de l’Esprit-Saint. Ils ont besoin de l’enseignement parfait.