Apocalypse 9, 13-21

Les sept trompettes

Père H M Féret

L’Apocalypse de saint Jean, Vision chrétienne de l’Histoire, p. 179s

 

          Les chapitres 8 à 10 décrivent la vision des sept trompettes et des plaies déchaînées dans le monde par le son de ces trompettes. Ces deux symbolismes, trompettes et plaies, et leur conjonction, disent tout de suite le sens général de l’enseignement qu’ils proposent. Dans la littérature apocalyptique, les trompettes annoncent le grand jour de Dieu et du jugement en lequel se déchaînera sa juste colère. Mais elles annoncent aussi, et inséparablement, la libération des élus et leur rassemblement triomphal.

            Dans le Nouveau Testament, saint Jean n’est pas le premier à avoir repris cette image de la Trompette : on la retrouve dans le discours apocalyptique du Seigneur, en saint Matthieu, et aussi en saint Paul, dans la première lettre aux Corinthiens et la première aux Thessaloniciens. Ce qui va suivre reprendra, sous une imagerie différente, et dans une nouvelle intention doctrinale, le thème des fléaux vengeurs, déjà amorcé dans la vision des sept sceaux par les trois cavaliers de malheur et par les cataclysmes cosmiques. Tandis que précédemment on en parlait pour les montrer en la totale dépendance du Maître de l’histoire, on insiste ici plutôt sur leur double raison d’être : châtiment des impies et libération des élus.

            L’importance de ce dernier point de vue est encore soulignée par le choix des fléaux que déchaîne le son de ces trompettes. Ils évoquent manifestement les plaies que Dieu dut faire pleuvoir sur l’Egypte des Pharaons pour que celui-ci libère enfin le peuple élu de l’oppression où il le tenait. Il s’agit donc bien encore de libérer le peuple de Dieu. L’auteur a donc le souci de rappeler le discernement qu’il opère entre les disciples de Jésus qui ont sa marque sur son front comme les maisons des Hébreux avaient été marquées en Egypte avant le passage de l’ange exterminateur, et les habitants de la terre qui seuls, comme autrefois les Egyptiens, sont véritablement atteints par les fléaux vengeurs. Ces fléaux, où l’action de Satan va commencer de se discerner, n’atteignent pas les disciples de Jésus. Dans le même temps où ils connaissent l’épreuve, où peut-être leur est demandé le suprême témoignage, ils habitent déjà dans le ciel, et sont donc inaccessibles aux tourments que les châtiments déchaînés par le son des trompettes vont faire souffrir aux habitants de la terre. La responsabilité immédiate du déchaînement des malheurs est attribuée, non plus à l’Agneau immolé, mais à des anges, bons ou mauvais. Ce sont donc des anges qui, par le son de la trompette, présideront au déroulement de la vengeance divine.