Apocalypse 2, 12-29

« Et je lui donnerai  une pierre blanche »

Père Jean Giblet

L’Apocalypse, une lecture commentée, p. 62s

 

           Et je lui donnerai une pierre blanche, avec gravé sur cette pierre un nom nouveau que personne ne connaît, sinon celui qui la reçoit. Le nom d’une personne désigne ce qu’elle est ; ce nom gravé sur la pierre seul Dieu et le récipiendaire le connaîtront pleinement. Tout comme il est dit que Jésus a reçu au-delà de la croix le nom qui est au-dessus de tout nom, chaque chrétien élu recevra non seulement la couronne de vie, mais aussi cette pierre : ainsi il aura vraiment accès aux réalités eschatologiques.

          Dans le symbolique des couleurs propre à l’Apocalypse, le blanc est toujours une couleur positive : c’est celle de la pureté, mais aussi, plus encore que de la pureté, celle de la lumière. Elle caractérise l’accomplissement final. Quant à la pierre qui est donnée, elle évoque, pour les gens de l’époque, une vocation ou une récompense. Ici le texte nous parle d’une pierre blanche avec un nom nouveau gravé dessus, un nom que personne ne connaît, si ce n’est celui qui le reçoit. Cette notion de nouveau nom qui est donné par le Christ implique, un peu comme dans le vêtement dans un autre contexte, une promotion. C’est le fait d’accéder à une condition nouvelle qui, comme tout ce qui est proprement surnaturel, échappe au monde, tout comme le monde ne connaît pas le chrétien puisqu’il n’a pas de signe extérieur. On pense à ce passage de la première lettre de Jean : Voyez de quel grand amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfant de Dieu, ce que nous sommes ! Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : il n’a pas découvert Dieu. Il y a là, de fait, une réalité qui est ignorée du monde, lequel ne voit que ce qui est vraiment tangible et extérieur.

          L’auteur de l’Apocalypse va encore plus loin : une sorte d’intimité est créée entre le Christ et le croyant fidèle, en sorte que n’est pas lointaine l’idée que chacun a un nom qui lui vient, non pas des hommes, mais du Christ lui-même. Ce nom où s’exprime l’amour est lié à la communication, à la communion. Le Christ est le seul à connaître ce nom. Chaque croyant est donc connu d’une façon profonde à laquelle seul le Christ a accès. Cette perspective est merveilleuse et on pourrait la rapprocher de ce qui sera dit plus loin : Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai la cène avec lui et lui avec moi.