Apocalypse 5, 1-14

L’Agneau

Eugenio Corsini

L’Apocalypse maintenant, p. 125s

 

           Le symbole de l’Agneau, qui évoque un sacrifice sanglant, se réfère à l’agneau tué par les Hébreux la nuit précédant la sortie d’Egypte, pour en appliquer le sang sur les linteaux des portes ; son immolation faisait depuis lors partie intégrante du rite pascal juif. Jean s’appuie sur ce sens fondamental pour appliquer le symbole à Jésus-Christ. Par cette identification du Christ avec l’Agneau, qui sera toujours maintenue dans le Livre, le sacrifice de la croix vient se placer au centre de la christologie de l’Apocalypse. Cela est particulièrement important ici où, après l’ouverture de la porte dans le ciel, Jean tente de synthétiser dans les visions du trône et de l’Agneau le sens profond de la révélation vétérotestamentaire. Selon une formule courante des Synoptiques, cette révélation se totalise dans la Loi et les Prophètes. La Loi, à son tour, se condense dans l’affirmation qu’il n’y a qu’un seul Dieu, Créateur et Seigneur du ciel et de la terre, auquel sont dus de manière exclusive l’hommage et l’adoration de l’homme. Quant aux prophètes, leur message se résumait, pour les chrétiens des origines, dans l’annonce messianique.

          Le double message de la Loi et des Prophètes est suggéré respectivement au chapitre 4 et au chapitre 5 ; La vision de Celui qui siège sur le trône entouré de la cour céleste est une allégorie de la création, et de la gloire que les anges rendent à Dieu au nom de tous les êtres créés, en particulier des hommes. La vision de l’Agneau qui reçoit le livre du Père est une allégorie de la Rédemption par le Christ. En seconde vision sont récapitulées les prophéties messianiques de l’Ancien Testament : l’Agneau est un symbole du Messie. Il possède la plénitude de la puissance, sept cornes, et de l’Esprit, sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu. Le caractère messianique de la plénitude de l’Esprit, possédé par l’Agneau, est souligné dans le texte : alors qu’au chapitre 4, l’Esprit se tient, pour ainsi dire, immobile devant la divinité sur la mer cristalline, qui représente la terre, ici l’Agneau en dispose en vue d’une mission, les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre.