Apocalypse 11, 1-19

La révélation de la vérité du monde

Pierre Prigent

L’Apocalypse, p. 109s

 

          Le monde est à la fois le lieu où l’on rend un culte à Dieu et celui où triomphe le mal. On peut donc le décrire tantôt comme une cité sainte, tantôt comme l’empire du mal, comme la grande cité idolâtre, comme la moderne Sodome, comme l’Egypte où le peuple de Dieu est opprimé, et finalement comme le lieu de la crucifixion de Jésus.

            Ce ne sont là de toutes manières que des images approximatives empruntées au langage des hommes pour dire que nous vivons en un monde dont les apparences ne disent pas la réalité. Nous avons besoin, pour y voir clair, d’une révélation. Alors le ministère des prophètes de Dieu n’est plus l’échec que les hommes croient. On découvre sa valeur véritable qui est participation à l’œuvre eschatologique du salut.

            Ce même balancement se retrouve dans la description de la temporalité. Pour la première fois d’une longue série, apparaît une notation chronologique chiffrée : quarante-deux mois. C’est le temps pendant lequel la ville sainte est profanée.

            Il faut compter avec des mois de trente jours. Les quarante-deux mois sont donc indentifiables aux mille deux cent soixante jours que dure le ministère des prophètes. La même durée est affectée au séjour de la femme au désert ; il faut savoir que les trois temps et demi font trois ans et demi, c’est-à-dire quarante-deux mois ou mille deux cent soixante jours. Enfin la bête sévit pendant quarante-deux mois.

            L’insistance est trop évidente pour être le fruit du hasard ! Nous tenons là un fil rouge qui réunit trois chapitres et qui doit, dans l’esprit de l’auteur, nous servir de guide.

            Les mille deux cent soixante jours, les quarante-deux mois, les trois ans et demi caractérisent un temps que l’on peut décrire comme le temps de l’épreuve, mais qui est aussi le temps où Dieu manifeste son secours tout-puissant. En un  mot, c’est le temps de l’Eglise, le temps qui sépare la venue de Jésus de la Fin, c’est le temps du ministère prophétique de l’Eglise dans le monde. Voilà pourquoi les notations chronologiques servent à mettre à nouveau en lumière le même balancement que l’on a pu remarquer quand il était question des lieux : le monde est le royaume du mal, mais c’est aussi le lieu de la fidélité à Dieu. Le temps semble dans la main de Satan, mais Dieu en reste le vrai Maître.