Apocalypse 18, 1-20

La route de Dieu

Cardinal Christoph Schönborn

Pensées sur l’Evangile de Matthieu, p. 22s

 

          Joseph, l’Enfant et Marie, fuyant la persécution d’Hérode, partagent le sort de bien de nos contemporains. Tous les jours, nous entendons parler des réfugiés de l’Afghanistan, du Proche-Orient, de l’Afrique et d’ailleurs… Il y a toujours des mères avec leurs enfants, sans protection et sans défense, avec leurs biens misérables.

          La petite famille juive qui fuit en Egypte a une particularité : l’Enfant que Joseph veut mettre en sécurité est le Fils de Dieu ; ils fuient Hérode le Grand, un roi puissant et brutal. C’est une lutte inégale entre Hérode, avide de pouvoir qui étouffe toute résistance dans le sang, et cette pauvre petite famille dont il cherche à tuer l’Enfant.

          Joseph, avec sa famille, s’est mis dans la main de Dieu, laquelle les guide. Il a accueilli l’Enfant, qui n’est pas de lui, mais de Dieu, non pas comme son propre bien dont il pourrait disposer, mais comme une tâche que Dieu lui a confiée. Toute sa vie se règle sur cette tâche. Ce n’est pas son épanouissement personnel qui fait le contenu de sa vie, mais le service de cet Enfant qui, un jour, sera le Rédempteur de tous les hommes.

          Joseph se laisse guider par Dieu, mais Dieu ne lui montre jamais que le pas suivant à faire, et ce pas, Joseph doit le faire alors seul, lui-même, courageusement, prudemment, avec décision. Il fuit, puis il revient avec l’Enfant et sa mère, et, finalement, s’installe dans ce petit bourg insignifiant de Nazareth.

          Se laisser guider par Dieu au plus profond de soi-même, cela exige l’abandon de sa volonté propre et l’adhésion aux indications de route de Dieu. Cela demande la confiance en Dieu, la confiance qu’il nous guide par de bons chemins, même s’ils sont difficiles. La fin témoigne qu’il en est réellement ainsi. Saint Joseph est considéré comme le patron de la bonne mort. Celui qui vit ainsi, n’a pas à craindre la mort puisqu’il a déposé sa vie entre les mains de Dieu. Quelle voie avons-nous choisi ? Celle d’Hérode ou celle de Joseph ?