Apocalypse 21, 9-27

La Jérusalem nouvelle

Père Henri-Marie Féret

L’Apocalypse de saint Jean, vision chrétienne de l’histoire, p. 256s

 

          La ville n’a point besoin du soleil et de la lune pour qu’ils l’éclairent, car la gloire de Dieu l’illumine, et son candélabre est l’Agneau. Tout commentaire est superflu : nous sommes ici au centre, au foyer de toute cette lumière de la Jérusalem céleste. Dans la vision d’Ezéchiel, il y avait un temple. Le prophète chrétien corrige ici son devancier. Dans la vision béatifique, les élus sont illuminés par la gloire même de Dieu. Nul temple n’est nécessaire où ils puissent mieux Le trouver qu’en leur propre regard. Il n’est donc que plus remarquable que, en ce sommet  de la Révélation, saint Jean soit encore soucieux de marquer le rôle du Christ : c’est Lui le candélabre de la gloire de Dieu. Il s’agit toujours bien des noces de l’Agneau. C’est en lui et par lui que les élus reçoivent à jamais la clarté divine. Inversement, leur extase est le suprême et définitif triomphe de sa vérité  victorieuse.

          Et de fait, tout s’achève sur cette note de triomphe qui est la note particulière du message de Patmos. Jusque dans cette description de la Jérusalem céleste, Jean garde  le souci de conforter ses fidèles dans leur lutte présente contre les nations impies. Il les montrera donc, ces nations, enfin converties à la clarté de Dieu et lui donnant à jamais la gloire qu’elles lui disputent présentement ici-bas. Nouvelle trace, sans doute, de l’influence exercée sur toute la Révélation  par les anciennes prophéties du triomphe de Jérusalem sur les nations, mais aussi, inséparablement, conclusion du thème qui a couru à travers tout le Livre : celui de la nécessaire et immanquable victoire de Jésus, de la vérité évangélique, de l’Eglise et des saints sur les nations qui, maintenant et longtemps encore dans l’histoire, persécutaient ou persécuteraient l’Eglise : Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire.

          Ainsi se consommera la victoire de la vérité que, par leur témoignage, les saints auront commencé de remporter sur la terre. Ainsi s’inaugurera pour eux, dans une immortalité puisant au mystère même de Dieu, une jeunesse sans cesse renouvelée, la domination éternelle du Christ et de ses saints, le définitif triomphe de la vérité en laquelle ils ne font plus qu’un : Ils règneront pour les siècles et les siècles.