Apocalypse 21, 1-8

Les cieux nouveaux et la nouvelle terre

Père Jean-Pierre Charlier

Comprendre l’Apocalypse, tome II, p. 206s

 

          Pour la première fois dans le livre de l’Apocalypse, Dieu en personne prend la parole, et dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Il est difficile d’entendre cette première parole sans se souvenir de l’autre première parole qui fit jaillir la lumière, lors du récit de la première création ! Ici, il ne s’agit plus de lumière seulement, ce qui serait contradictoire avec la Jérusalem nouvelle où il n’y a plus de nuit, mais d’une parole unique globalisant toute la création.

          Il semble étrange que, dans cette déclaration solennelle, le verbe créer ne soit pas utilisé. A dire vrai, l’auteur de l’Apocalypse n’abuse guère de ce terme, ni de ses dérivés. Dans ce livre entièrement tourné vers les choses nouvelles, il est paradoxal que le thème si biblique de la création soit si peu entendu. Néanmoins, l’emploi du simple verbe faire n’est sans doute pas aussi banal qu’il y peut paraître. D’abord, c’était aussi la manière de s’exprimer en Genèse 2,4, dans l’introduction de ce que l’on appelle souvent, improprement, le deuxième récit de la création. Il suffit d’un seul faire pour qu’éclate le monde nouveau, le monde de Dieu ! Le contraste est vif avec l’entreprise de la Bête de la Mer, qui a deux emplois du verbe faire, et celle de la Bête de la Terre qui en a huit, et tout cela pour ne rien faire de neuf, ni de durable ! L’efficacité de l’agir divin, elle, est immédiate et débouche sur du nouveau.

          La deuxième parole de Dieu : Ecris, parce que ces paroles sont fidèles et véridiques ; c’est donc une invitation à mettre par écrit les paroles fidèles et véridiques. Le faire de Dieu est donc une parole, dabar en hébreu, au sens plein et biblique de ce mot. Cette parole est créatrice, comme il se doit, et, à ce titre, elle a valeur d’Ecriture de Dieu. Pour des raisons peu évidentes, cette parole divine est introduite par : Et il dit, verbe conjugué au présent ; or la première et la troisième parole sont amenées par un verbe conjugué à l’aoriste, temps propre au grec qui correspond à un parfait exprimant une action terminée dont les effets perdurent. Ainsi, à jamais tout sera toujours neuf, rien ne s’usera et l’émerveillement sera de chaque matin, si l’on ose dire. Dieu se présente donc solennellement comme le commencement et la fin : il est le commencement de la première et de la seconde création, il est l’aboutissement de la première qui lui a fait retour, non parce qu’elle a vieilli, mais parce que la Jérusalem nouvelle l’a rendue caduque et dépassée.