1 Jean 3, 11-17

L’identification de l’Esprit-Saint

Origène

Traité des Principes 1, 3, 4, SC 252, p. 149s

 

          Certains de nos prédécesseurs ont observé ceci dans le Nouveau Testament : partout où l’Esprit est nommé sans un adjectif, précisant quel est cet esprit, il faut entendre l’Esprit-Saint. Ainsi le fruit de l’Esprit est la charité, la joie…

            Un savant hébreu disait : les deux séraphins qu’Isaïe décrit avec six ailes et qui se crient l’un à l’autre : Saint, saint, saint, le Seigneur Sabaoth, désignent le Fils Unique et l’Esprit Saint. Nous pensons qu’il faut de même appliquer au Christ et à l’Esprit-Saint ce qui est dit dans le cantique d’Habaquq : Entre les deux vivants, ou les deux vies, tu seras connu. Toute la science venant du Père par la révélation du Fils est connue dans l’Esprit-Saint, de sorte que l’un et l’autre, appelés par les prophètes de vivants ou des vies, sont cause de la science de Dieu le Père.

            Comme il est dit du Fils : Nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils aura voulu le révéler ; l’apôtre parle de même du Saint-Esprit : Dieu nous a révélé sa sagesse par son Esprit, car l’Esprit scrute tout, même les profondeurs de Dieu.

De même, dans l’Evangile, le Sauveur mentionne les enseignements divins que ne pouvaient saisir ses disciples. Il en avertit ses apôtres : J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas encore les saisir. Lorsque viendra le Paraclet, l’Esprit-Saint qui procède du Père, lui il vous enseignera toutes choses et il vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

On doit donc penser : Comme le Fils seul connaît le Père et le révèle à qui il veut, le Saint-Esprit, qui est le seul à scruter jusqu’aux profondeurs de Dieu, révèle Dieu à qui il veut. Car l’Esprit souffle où il veut.

Il ne faut pas penser que l’Esprit connaît lorsque le Fils le lui révèle. En effet, si l’Esprit Saint connaissait seulement le Père lorsque le Fils le lui révèle, il passerait donc de l’ignorance à la connaissance. Assurément, il serait impie et sot de considérer ainsi le Saint-Esprit au point de lui attribuer l’ignorance. On ne saurait penser qu’il était d’abord autre que le Saint-Esprit et qu’il aurait d’abord progressé jusqu’à devenir Saint-Esprit.

C’est comme si l’on osait dire : Quand il n’était pas le Saint-Esprit, il ignorait le Père, et après en avoir reçu la connaissance il est devenu Saint-Esprit. S’il en était ainsi, assurément jamais ce Saint-Esprit n’aurait été dans l’unité de la Trinité, c’est-à-dire avec Dieu l’immuable Père et avec son Fils. Il a donc toujours été le Saint-Esprit.