Juges 13, 1-25

L’annonce de la naissance de Samson

Père Jean Stenmann

Les Juges, p. 101s

 

Un héros tel que Samson, ne pouvant être né comme tout le monde, devint donc le fils d’une femme longtemps stérile : un don de Dieu comme Samuel et plus tard Jean-Baptiste. Sa conception miraculeuse en fit un nazir, un consacré à Dieu. Le nazir officiel obéissait à des prescriptions très minutieuses, détaillées dans le livre des Nombres (au chapitre 6), prescriptions que Samson ne pouvait pas connaître parce qu’il était né à une époque antérieure ! Le nazir s’engageait à ne pas raser sa chevelure, soit définitivement comme Samuel et Samson, soit seulement jusqu’à l’accomplissement d’un vœu. Chez tous les peuples sémitiques, on trouve des coutumes analogues. Les guerriers de Débora devaient probablement garder leur chevelure flottante tant qu’ils étaient voués au combat.

          Autrefois Dieu se dérangeait pour venir voir en personne ses patriarches. Ses rapports avec Israël sont maintenant moins familiers, ou plutôt la théologie de l’époque est plus évoluée. Un ange rend donc visite à la femme de Manoah. Lorsqu’en Orient on rencontre un étranger, on lui demande d’où il vient et l’usage veut qu’il ajoute son nom à la réponse. Mais l’ange tient à rester anonyme. A la demande de Manoah, l’ange revient : l’auteur ici a varié les réponses par souci littéraire pour ne pas répéter deux fois des prescriptions aussi exactes. Cette fois, il insiste sur l’abstinence des produits de la vigne dont les peuples sémitiques se sont souvent méfiés dans l’antiquité. Manoah manœuvre pour amener son visiteur à se découvrir : l’invitation à dîner a été déclinée ; c’est déjà un signe, car les anges ne prennent plus de repas avec les hommes, comme au temps d’Abraham. En désespoir de cause, Manoah demande carrément le nom de son visiteur sous prétexte de le remercier après la naissance, mais le nom du visiteur est mystérieux, personne ne peut le prononcer. Manoah prépare alors un sacrifice : un chevreau accompagné de l’oblation du pain nécessaire pour manger la viande. L’ange disparu, Manoah a enfin compris, mais n’est pas rassuré pour autant, car celui qui a vu Dieu doit mourir.

          L’enfant reçoit le nom de Samson (Le Solaire), tiré de shemesh (le soleil). Rien d’étonnant à cela puisque ses parents habitaient près du village de Bet-Shemesh. Il est inutile d’associer l’histoire de Samson à un mythe astral, ce que certains ont fait !