Marc 5, 21-43

La résurrection de la fille de Jaïre

Saint Jérôme

Homélies de saint Jérôme sur l’évangile de saint Marc, PdF 32, p. 56s

 

          Saisissant la main de l’enfant, Jésus lui dit : Talitha kumi, ce qui veut dire « Fillette lève-toi pour moi ». S’il avait dit Talitha kum, il aurait fallu traduire « Fillette, lève-toi » ; or, Jésus a bien dit : Talitha kumi, la traduction de la langue syrienne et hébraïque veut bien dire : « Fillette, lève-toi pour moi ». Voyez, frères, la richesse que renferment ces langues : c’est comme s’il disait : « Fillette, toi qui devais être mère, par ton manque de foi tu redeviens une fillette ». Et nous pouvons ajouter : « Parce que tu es régénérée, tu seras appelée fille ». « Fillette, lève-toi,  non pas en raison de ton mérite, mais par ma grâce. Lève-toi pour moi : ta guérison n’est donc pas ton œuvre ».

          Et aussitôt, la fillette se tint debout, et elle marchait. Souhaitons que Jésus nous touche nous aussi, et aussitôt nous marcherons. Que nous soyons paralytiques ou que nous commettions de mauvaises actions, nous ne pouvons marcher : nous sommes peut-être couchés sur le lit de nos péchés comme sur notre véritable lit ; dès que Jésus nous aura touché, nous serons aussitôt guéris. La belle-mère de Pierre souffrait de fortes fièvres : Jésus lui prit la main, elle se releva et le servit aussitôt. Vous noterez la différence : la seconde est touchée par Jésus, elle se lève et le sert ; la première ne fait que marcher.

          Ils furent aussitôt saisis d’une grande stupeur. Et il leur enjoignit de ne le divulguer à personne. Voyez-vous pourquoi il avait éloigné la foule avant d’accomplir son miracle ? Il voulait instamment ne pas le faire connaître. Cet ordre s’adressait aux trois apôtres Pierre, Jacques et Jean, ainsi qu’aux parents de l’enfant : que personne ne le sache !

          Il dit de lui donner à manger : c’est pour que l’on ne considère pas la résurrection comme un fantasme. C’est pour cette raison qu’il mangea lui-même un morceau de poisson grillé, après sa résurrection.

De grâce, Seigneur, touche-nous la main, à nous qui sommes couchés, relève-nous du lit de nos péchés, fais-nous marcher. Lorsque nous aurons marché, ordonne qu’on nous donne à manger : gisant, nous ne pouvons marcher, et, si nous ne sommes pas debout, nous ne pouvons recevoir le corps du Christ, à qui appartient la gloire, avec le Père et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.