Josué 2, 1-24

Rahab est la figure de l’Eglise

Théodoret de Cyr

Question 2 sur Josué, PG 80, col. 461-463

         

          De même que les éclaireurs envoyés par Josué, fils de Noun, sauvèrent la prostituée qui avait cru, en lui donnant comme signe de reconnaissance et de salut un cordon de fil écarlate, ainsi les apôtres de notre Sauveur détournèrent de sa première vie déréglée celle qui avait été une prostituée, c’est-à-dire l’Eglise adonnée autrefois au culte d’idoles variées ; ils la jugèrent digne de biens éternels. Pour symbole du pacte conclu avec elle, ils n’utilisèrent pas un cordon de fil écarlate, mais ils l’amenèrent au salut par le sang très précieux du Sauveur.

          Celui qui estimerait Rahab indigne de symboliser l’Eglise, qu’il écoute plutôt ce que dit l’apôtre : Ne vous y trompez pas ! Ni débauchés, ni adultères, ni efféminés, ni homosexuels, ni idolâtres, ni profiteurs, ni voleurs, ni diffamateurs, ni ivrognes, ni escrocs, n’hériteront du Royaume de Dieu. Et il ajoute : Voilà ce qu’étaient certains d’entre vous. Mais, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu, vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été rendus justes.

          C’est ce que fut aussi jadis Rahab, la prostituée. Mais elle accueillit avec foi les éclaireurs ; elle n’obéit pas aux ordres du roi enjoignant de les livrer ; au contraire, elle les cacha. Elle avait cru en effet au Dieu des Hébreux, comme l’indiquent ces paroles : Je sais que le Seigneur votre Dieu vous a livré le pays, et la terreur que vous inspirez est tombée sur nous. Car nous avons appris comment le Seigneur Dieu a mis à sec devant vous la mer Rouge lors de votre sortie d’Egypte, et comment vous avez traité les deux rois amorites de l’autre côté du Jourdain, Sihôn et Og ; vous les avez exterminés. A cette nouvelle, le cœur nous a manqué et plus personne n’a le courage de vous tenir tête, parce que le Seigneur votre Dieu est Dieu là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre.

          Ainsi s’est montrée véridique la parole du Seigneur Dieu à Pharaon : Si je te laisse subsister, c’est pour montrer en toi ma puissance, et pour que mon nom soit publié sur toute la terre.

          Quant à nous, c’est par l’Eglise que le salut nous advient.