Jacques 3, 13-18  

La sagesse chrétienne

Dom  Augustin Calmet

Vraie et fausse Sagesses, BVC 58 (1964), p. 26s

 

          La Sagesse vient d’en-haut, elle a Dieu pour auteur et pour principe, elle est chaste, amie de la paix, modeste, conciliante, etc… Il est bon de remarquer d’abord que les Hébreux sous le nom de sagesse comprennent la science, la prudence, la bonne conduite, la piété, la morale, la religion et quelque fois même la ruse, l’artifice et la mauvaise conduite. Ici, elle s’entend des connaissances et des qualités que doit avoir celui qui se charge d’enseigner et de conduire dans les choses qui concernent la religion. Il doit avoir la sagesse, non une sagesse de la chair, une sagesse humaine, charnelle, inspirée par l’esprit de discorde, et de jalousie, mais une sagesse divine dans son principe, pure et chaste dans ses vues, dégagée de toute souillure de la chair, et de toute inclination corrompue, pacifique envers toute le monde, aimant mieux perdre ses droits que contester et que troubler l’union, modeste, modérée, humble, qui ne cherche point à se faire valoir, ni à s’élever.

          Conciliante. En grec ce mot signifie : qui croit aisément, qui se laisse facilement persuader. Saint Paul donne à la charité une épithète toute semblable : elle croit tout ; cela est opposé à l’opiniâtreté, marque d’orgueil et de présomption qui sont directement opposées à l’esprit du christianisme ; lui nous inspire plutôt la docilité, la simplicité, l’obéissance. Saint Jacques ajoute que la sagesse dont il parle est pleine de miséricorde ; elle est compatissante envers les autres, elle entre dans leurs peines, elle leur prête secours. Elle est pleine des fruits des bonnes œuvres ; elle est occupée à se faire dans le ciel un trésor de bonnes actions ; elle répand ses bienfaits dans le sein des pauvres, elle en recevra dans le ciel la récompense dans une entière plénitude. On lui donnera mesure pleine et qui répand par-dessus, comme dit l’Evangile.

          Enfin, elle ne juge point légèrement son prochain ; elle interprète tout en bonne part, elle ne s’ingère point dans les affaires d’autrui. Elle n’est point trop scrupuleuse à faire le discernement des personnes ou des choses, comme ceux qui, par un choix souvent bizarre, font d’injustes acceptions de personnes dans leur jugement ou dans la distribution de leurs grâces. Le sage, autant qu’il peut, fait du bien à tout le monde sans trop examiner le mérite des personnes. Enfin la sagesse chrétienne ne doit pas être dissimulée, ni hypocrite. Les sages du siècle font consister une partie de leur habileté à savoir se déguiser et s’envelopper ; la sagesse chrétienne est simple et sincère.