1 Corinthiens 1,18-2,5 ou 1 Corinthiens 4,1-16
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu »
Pape Benoît XVI
La sainteté ne passe pas, p. 133s

Très célèbre et proverbiale est la scène de Thomas incrédule qui eut lieu huit jours après Pâques. Dans un premier temps, Thomas n’avait pas cru à l’apparition de Jésus en son absence, et il avait dit : Si je ne vois pas dans mes mains la marque des clous, si je ne mets pas ma main dans son côté, non, je ne croirais pas. Au fond, ces paroles laissent apparaître la conviction que Jésus est désormais reconnaissable, non pas tant par son visage, que par ses plaies. Thomas considère que les signes caractéristiques de l’identité de Jésus sont à présent surtout ses plaies, dans lesquelles se révèlent jusqu’à quel point Il nous a aimés. En cela, l’apôtre ne se trompe pas. Comme nous le savons, huit jours après Jésus réapparaît parmi ses disciples, et cette fois Thomas est présent. Jésus l’interpelle : Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté ; cesse d’être incrédule, sois croyant. Thomas réagit avec la plus splendide profession de foi de tout le Nouveau Testament : Mon Seigneur et mon Dieu ! A ce propos, saint Augustin commente : Thomas voyait et touchait l’homme, mais il confessait sa foi en Dieu qu’il ne voyait, ni ne touchait. Mais ce qu’il voyait et touchait le poussait à croire en ce que, jusqu’alors, il avait douté. L’évangéliste poursuit avec une dernière parole de Jésus à Thomas : Parce que tu m’as vu, tu crois ; Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu. Quoi qu’il en soit, Jésus annonce un principe fondamental pour les chrétiens qui viendront après Thomas, et donc pour nous tous. Il est intéressant d’observer qu’un autre Thomas, le grand théologien médiéval d’Aquin, rapproche de cette formule de béatitude celle apparemment opposée qui est rapportée par Luc : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez. Mais saint Thomas d’Aquin commente : Celui qui croit sans voir mérite bien davantage que ceux qui croient en voyant. La Lettre aux Hébreux rappelant toute la série des anciens patriarches bibliques qui crurent en Dieu sans l’accomplissement de ses promesses, définit la foi comme le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître les réalités qu’on ne voit pas. Le cas de l’apôtre Thomas est important pour nous au moins pour trois raisons : la première parce qu’il nous réconforte dans nos incertitudes ; la deuxième parce qu’il nous démontre que chaque doute peut déboucher sur une issue lumineuse au-delà de toute incertitude ; et enfin parce que parce que les paroles qu’il adresse à Jésus nous rappelle le sens véritable de la foi mûre et nous encourage à poursuivre, malgré les difficultés, sur notre chemin d’adhésion à sa personne.