Proverbes 31, 10-31

Eve et Marie-Madeleine

Christine Pellistrandi

Femmes de l’Evangile, p. 113s

 

          Les deux jardins et leurs jardiniers, Adam et le Christ, la mort que symbolisent le serpent et le tombeau, Eve et Marie-Madeleine aveuglées par la peur de la mort et la recherche d’un cadavre, tous ces thèmes montrent comment les deux récits s’éclairent mutuellement. En les lisant côte à côte, on  peut dégager les éléments du rapprochement théologique que Jean veut établir en employant si précisément les mots jardin et jardinier. En réalité, il amène à comprendre la résurrection, par rapport au récit de la Genèse. Le serpent, la mort omniprésente, la femme hypnotisée par un discours mensonger, disparaissent devant la réalité du tombeau vide dans un jardin, avec l’apparition du jardinier, nouvel Adam, et l’appel qu’il adresse à Marie-Madeleine. Dieu avait appelé Adam en lui demandant où il était, Jésus appelle Marie par son nom, faisant d’elle une personne unique et précieuse : c’est seulement à ce moment-là qu’elle le reconnaît.

         

          Quand Jésus prononce son nom, ses yeux, débordants des larmes du deuil, peuvent alors le reconnaître. Parce qu’il l’a appelée Marie, elle devient capable d’identifier sa voix, et elle retrouve la vue spirituelle. L’appel de Dieu se promenant le soir dans le jardin des commencements a mis en évidence le péché du premier couple qui a peur et qui se cache ; l’appel que Jésus fait résonner dans le jardin où se trouvait son tombeau révèle la réalité charnelle de la résurrection à laquelle Marie-Madeleine est associée : la voilà désormais guérie de son aveuglement et de sa surdité. Jésus appelle Marie, de même qui s’est après le péché, donc après la chute, qu’Eve reçoit de son mari son nom véritable, Eve, c’est-à-dire la Vivante.Même après avoir désobéi, elle garde ce qui établit sa raison d’être : elle est celle qui donne la vie et la transmet.

 

          Toucher,au sens où Eve emploie ce verbe, c’est vouloir posséder Jésus, chacun pour soi. Marie-Madeleine est l’image de cette tentation qui guette toute âme. Jésus va la faire avancer beaucoup plus loin, en la renvoyant vers les apôtres, chargée d’un message : Va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu.