Jean 6, 24-35

« Donne-nous de ce pain-là, toujours »

Père Xavier Léon-Dufour

Lecture de l’Evangile selon saint Jean, tome II, p. 136s

 

       Le vrai pain qui demeure en vie éternelle, c’est Jésus en personne.  De la controverse sur sa mission, Jésus passe à l’action même de Dieu.

    A la manière rabbinique, Jésus conteste d’abord la compréhension sous-jacente du texte scripturaire invoqué par la foule : Non pas…,mais…Le donateur est non pas Moïse, comme les interlocuteurs de Jésus semblaient dire en opposant le don de la manne au signe que Jésus venait de réaliser, la multiplication des pains, mais Dieu désigné ici par l’expression : Mon Père. Or la rectification au sujet du donateur n’est pas seulement faite en fonction du passé, elle concerne le présent des auditeurs : ce n’est pas aux Pères, mais à vous que le don de Dieu est destiné. Et ce don est actuel : le pain que mon Père vous donne est le vrai, celui qui accomplit la figure de la manne et les promesses de la Loi. Jésus avait parlé de la nourriture à venir, celle que donnera le Fils de l’homme : entre le passé et le futur, voici le présent de Dieu. On passe du souvenir et de l’attente à la réalité substantielle.

       De ce pain, Jésus en donne une définition acceptable par ses interlocuteurs : elle reprend en les explicitant les termes de la citation qu’ils ont proposée : comme la manne-Loi, le pain de Dieu descend du ciel, mais il ne nourrit pas seulement Israël, il donne la vie au monde. Cet élargissement consonne avec la perspective de l’accomplissement eschatologique : la fin concerne tous les peuples de la terre.

Puisque Jésus affirme que le donateur est Dieu, les Galiléens peuvent se montrer d’accord ; aussi vont-ils demander ce pain à Jésus : Seigneur, donne-nous ce pain-là, toujours. Les interlocuteurs de Jésus ont évolué ; ils en sont venus à poser une question sur les œuvres de la Loi à accomplir  et à évoquer le don de Dieu dans le désert. Aussi maintenant pensent-ils que cet homme est capable de leur assurer le pain, c’est-à-dire la Loi véritable, dont ils veulent vivre,de sorte qu’il ne leur fasse jamais défaut au cours de leur existence : Seigneur, donne-nous ce pain-là, toujours.