1 Rois 21, 1-21+27-29

La richesse dessèche le cœur

Saint Ambroise de Milan

Richesse et pauvreté, Traité sur Naboth, PdF 4, p. 25s

 

       Il y avait en Israël le roi Achab et le pauvre Naboth. Le premier regorgeait des richesses du royaume, le second possédait la surface d’un petit terrain. Le pauvre n’avait rien convoité des propriétés du riche ; le roi s’est senti manquer de quelque chose parce que son pauvre voisin possédait une vigne. Lequel te paraît donc pauvre, celui qui est content de son bien, ou celui qui désire le bien d’autrui ? Certainement l’un est pauvre de fortune, l’autre est pauvre de sentiment. Le riche n’a pas conscience de manquer de sentiment : l’abondance de fortune ne peut pas remplir un cœur d’avare. C’est pourquoi le riche, enflammé dans sa convoitise d’un bien, cherche querelle à la pauvreté

       Donne-moi ta vigne. La voix d’un indigent est-elle différente ? Le mot du mendiant d’une aumône sur la place publique est-il autre que Donne-moi ? Donne-moi parce que j’ai besoin ; donne-moi parce que je ne puis avoir un autre secours pour vivre ; donne-moi parce que je n’ai ni pain à manger, ni ressources pour me procurer de la boisson, des aliments, des vêtements ; donne-moi parce que tu dois donner de ce que le Seigneur t’a départi, et à moi il n’a rien donné ; donne-moi parce que si tu ne donnes pas je ne pourrais rien avoir ; donne-moi parce qu’il est écrit : Fais l’aumône. Que ces mots sont donc indignes et méprisables ! Car ils n’ont pas le sens de l’humilité, mais l’échauffement de la convoitise. Les proférer est le comble de l’imprudence ! Donne-moi ta vigne, Naboth reconnaît qu’elle lui est étrangère pour la revendiquer indûment.

    Je te donnerai en échange une vigne meilleure. Le riche considère comme sans valeur ce qui est à lui,mais il désire ce qui appartient à autrui comme le bien le plus estimable.

Si tu préfères, je te donnerai l’argent qu’elle vaut. Bien vite, Naboth répare son erreur en offrant de l’argent pour la vigne. Celui qui désire étendre son bien ne veut pas qu’un autre possède ce qu’il convoite.