Matthieu 19, 27-29

La récompense promise

Père Alberto Mollo

L’Evangile selon saint Matthieu, p. 349s

          L’intervention de Pierre est solennelle, elle marque une réelle coupure dans le texte. Surtout, Pierre, en porte-parole des apôtres, ne se limite pas à déclarer qu’il a tout laissé pour suivre Jésus ; il pose expressément  le problème de la récompense : Qu’est-ce que, donc, nous en aurons ? Qu’est-ce qui sera donc pour nous ? Une telle question est posée à l’intérieur de la survivance de Jésus : Nous qui avons tout laissé pour te suivre ; le temps employé désigne une action aux conséquences permanentes ; la question n’apparaît donc pas comme une condition mise à la survivance,

          Jésus ne fait aucun reproche à Pierre ; il prend cette question très au sérieux dans sa réponse qui commence solennellement par un Amen, Amen, je vous le dis. Trois points sont donnés par Jésus dans cette réponse, Premier point, la récompense prend un caractère final, eschatologique, une régénération, un renouvellement de toutes choses. Il s’agit bien du monde qui sortira de la régénération  de toutes choses, de ce monde qui sera entièrement régénéré. En termes d’évangile, la régénération équivaut à la résurrection, c’est-à-dire au moment où le Fils de l’homme de Daniel s’assoit sur le trône de sa gloire à la droite du Père pour recevoir le royaume, et cela advient désormais. Quand le Fils de l’homme est exalté à la droite de Dieu, le vieillard de Daniel 7,13, et pour les saints du Très-Haut arrive aussi le temps où ils doivent posséder le Royaume. Telle est, en substance, la promesse de Jésus aux Douze : avoir part à son royaume en conseillers ou assistants du jugement. La référence à douze trônes est le signe de la reconstitution d’Israël, un Israël renouvelé, régénéré à l’heure messianique.

          Matthieu a tellement dans l’esprit la régénération messianique commencée avec la résurrection de Jésus que, dans la seconde promesse,  le centuple s’identifie en un certain sens avec la vie éternelle, laquelle a déjà son caractère définitif.

          Le nouveau monde, avec la troisième promesse, est un monde où les hiérarchies préétablies sont facilement renversées. Les premiers, c’est-à-dire les premiers appelés ainsi que ceux qui occupent les premières places dans l’Eglise, doivent toujours être attentifs à ne pas se considérer comme tels, à ne pas prendre des attitudes exclusives ou discriminatoires.