2 Samuel  2, 1-11 + 3, 1-5

Salomon le Magnifique

Père Yves-Marie Congar

David et Salomon, VS 91, 1954, p. 330s

 

          Rien de plus frappant et de plus admirable que la façon dont David exerce la miséricorde. Certes, il sait exercer, après une victoire totale, une répression d’une brutalité qui était dans les mœurs de son époque. Pourtant si l’on compare son comportement à celui de Salomon, on voit que celui de David est surtout de miséricorde, celui de Salomon de pure et dure justice.

          On sait avec quelle délicatesse de conscience David a, par deux fois, épargné Saül, le tenant à sa merci : il respecte le roi, l’oint du Seigneur, même indigne et déchu ; mais aussi il réserve à Dieu la justice, avec cette attention qui caractérise son âme religieuse, de laisser à Dieu toute initiative. Quand David accède à la royauté, c’est comme une figure du Christ en son avènement de réconciliation et de pardon : ses officiers croient entrer dans ses vues en tuant ses adversaires, un peu comme Jacques et Jean, les fils du tonnerre, croiront entrer dans celles de Jésus en appelant le feu du ciel sur les opposants ; mais Jésus leur dit : Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ! Le Fils de l’homme est venu, non pour prendre les vies d’hommes, mais pour les sauver ! Jésus ne résiste pas à l’opposition, et ne la surmonte pas de force.

          De même David : quand Absalon exercera sur Amnon la vengeance du sang, David se contentera de bannir le meurtrier loin de sa face, puis, à la demande de Joab, acceptera son retour à la condition qu’il ne paraisse pas devant sa face, puis il finira par consentir à le voir et par l’embrasser. Quand ce fils réconcilié, mais toujours turbulent, obligera David à s’enfuir, David, insulté par Shiméï, refusera de poursuivre et de punir celui-ci. Mieux, revenu dans sa capitale et réinstallé dans son pouvoir, David lui fera grâce, ainsi qu’à Meribbaal, comme lui de la maison de David.