1 Samuel 17,57 – 18,9+20-30

Le sage et le moine

Père Bernard Ducruet

Renaissance de Fleury, n° 138, p. 9-10

 

          Au long de l’histoire du Peuple élu apparaissent plusieurs types de spirituels, le pasteur, le sage, le prophète. Au Sage, appartient plutôt la religion du cœur. Foncièrement, il est celui qui écoute, il est disciple, il écoute et accomplit. Il se laisse former par l’expérience, il médite sur le passé. Dans les débuts, la Sagesse apparaît surtout comme un art de vivre. Concret et avisé, le Sage apprend à habiter la terre. Cherche la paix et poursuis-la, conseille le psalmiste, conseil reprit par saint Benoît. Son expérience est transmise au début sous forme de dictons populaires. Peu à peu, le Sage découvre le fondement de toute sagesse dans la crainte de Dieu ; puis de plus en plus il pose les grands problèmes de la vie, de son origine, de son sens, de celui de l’Amour, celui de la Mort, celui de la connaissance du bien et du mal.

            Dans l’Eglise, aujourd’hui, le moine est héritier de cette tradition de Sagesse. Le soubassement des règles monastiques est toujours la formation de l’homme dans la crainte de Dieu. A la base de ces règles, il y a l’observance du Décalogue et la pratique des vertus humaines les plus élémentaires de tempérance, d’honnêteté, de sincérité, de loyauté, voire celles les plus humbles encore d’ordre, d’exactitude, de soin, de propreté. Saint Benoît, dans le Prologue de sa Règle, se fait même littérairement disciple de ces écoles de Sagesse par le développement du thème de l’écoute. C’est sur cet humus, ce terrain très humble et très humain, que s’élève peu à peu une mystique, une recherche de Dieu.

            La religion des sages et des moines apparaît surtout comme une religion du cœur, celle qui se développe dans les psaumes. La figure la plus typée de ce tempérament spirituel est celle de David. Dans l’histoire du salut, David apparaît comme le premier homme aimé, choisi, élu de Dieu. Son élection est celle de la grâce. Entre tous ses frères, plus grands, plus forts, plus âgés, il est choisi gratuitement. Il était beau de la beauté que confère le don de Dieu. Et toute sa vie, David vit et chante cette élection dans une confiance unique : Je marche contre toi au nom du Seigneur Sabaoth, dit-il à Goliath. Dans la campagne contre Saül, il laisse Dieu lui faire justice ; il ne portera pas de lui-même la main contre l’Oint de Dieu. David est le premier à découvrir le sens du péché qui sera développé dans les psaumes et vécu par les moines comme le cœur de leur expérience. C’est l’expérience de l’amour de Dieu qui permet de découvrir la douleur du péché.

            Ainsi avec David et les psalmistes, nous apprenons à découvrir l’amour de Dieu et notre péché. Dieu est un Dieu d’Amour et de Miséricorde. Dans ce contexte, l’homme est celui qui devant la bonté de Dieu se découvre pécheur. La religion du sage ou du moine est la religion du cœur, la religion des psaumes attribués à David.