1 Rois 12, 1-19

A Sichem s’accomplit le schisme

Rupert de Deutz

De la Victoire du Verbe de Dieu, Livres IV et V

 

          Par l’intermédiaire du prophète Ahias de Silo, le Seigneur avait dit à Jéroboam : Ce n’est pas de la main de Salomon que je reprendrai tout le royaume, non, je le maintiendrai prince tous les jours de sa vie en considération de mon serviteur David que j’ai élu. C’est de la main de son fils que je prendrai le royaume et je te donnerai dix tribus. Pourtant à son fils Roboam, je donnerai une tribu, afin que mon serviteur David ait toujours une lampe devant moi à Jérusalem, la ville que je me suis choisie pour y faire résider mon nom.

          En énonçant cette prophétie, le Dieu tout-puissant se montre tenu par la force de sa parole, il se souvient de sa promesse, il se manifeste véridique et fidèle. Oui, jusque dans la chute de Salomon, triomphe la vérité de la Parole de Dieu.

          Par ailleurs, quelles louanges, quel éloge Dieu ne fait-il pas des mérites de David, lorsqu’il déclare que c’est à cause de ce roi qu’il conservera la cité de Jérusalem et la tribu de Juda, pour y accomplir fidèlement ce qu’il a promis : sa Parole, le Verbe de Dieu, prendra chair de la race de David ! Il parle, certes, comme un homme gravement offensé qui a des motifs de s’irriter, de refuser ce qu’on attend de lui et qui, pourtant, se reconnaît tenu de donner, fût-ce de mauvais gré, parce qu’il a promis, parce qu’il a juré. Mais, en réalité, Dieu n’agissait pas contre son gré en accomplissant ce qu’il avait promis gratuitement et confirmé par serment.

          Quel est donc son but, quand à chaque transgression de la descendance de David et du peuple provoquant sa colère, Dieu fait mémoire de David en affirmant qu’à cause de lui il les épargnera, qu’il ne veut pas les détruire entièrement ? Sans aucun doute,Dieu veut rendre évident que plus abonde l’iniquité sans la moindre preuve de justice, plus aussi surabonde la grâce.