1 Rois 18, 16b-40

Un chemin vers Dieu

Père Victor Dodina

Christus, tome 16, n° 62, 1969, p. 240s

 

Si la Compagnie de Jésus est un chemin vers Dieu, et si ce chemin est apostolique, c’est parce que tel fut le chemin d’Ignace. Le commencement de la Compagnie est la grâce, la bonté et la volonté de Dieu manifestée dans la vocation d’Ignace, et par lui. Si la Compagnie est un chemin vers le Seigneur, cela vient de ce que Dieu fut à l’origine de ce chemin, en Ignace. A Loyola, Ignace désirait être déjà tout à fait guéri pour se mettre en chemin. Ignace est le pèlerin continuellement à la recherche de Dieu. Tout au long de son existence, Ignace, sans le savoir ni y prétendre, parcourt et expérimente toutes les étapes de la vie apostolique. Il pense tout d’abord à vivre en pénitent à Jérusalem, ou à la Chartreuse. Très vite il découvre la valeur de la chasteté et en prononce probablement le vœu à Aranzazu. A Montserrat, il abandonne ses habits à un pauvre. Ignace commence ainsi à vivre la vie selon les conseils évangéliques. Mais sa vie monastique, à Montserrat et à Manrèse, se transforme rapidement en une vie d’aide aux âmes. A Salamanque, on dit de lui et de ses compagnons qu’ils vont prêchant à la manière apostolique. Au cours de sa vie, Ignace fréquente des dominicains, des cisterciens, des franciscains, des bénédictins, des théatins, des ermites… Quelquefois il hésite en se demandant s’il entrerait dans un ordre, ou s’il irait ainsi de part le monde. Laynez nous dit que, malgré tout, voyant alors qu’il était appelé à aider les autres, il déclarait que, entré dans une religion, il aurait préféré être conventuel qu’observant, pour pouvoir aider les autres. Mais Dieu l’appelait sur un chemin neuf. Ignace est conscient de la nouveauté et de la singularité de son chemin, le chemin du pèlerin. L’intuition profonde d’Ignace est que suivre le Christ signifie poursuivre la mission du Seigneur dans l’Eglise d’aujourd’hui. Le chemin ignatien est apostolique parce qu’il est le chemin que le Seigneur lui-même a parcouru.

La Compagnie, chemin entre autres vers le Seigneur, chemin du pèlerin, s’enracine dans la tradition la plus pure, la tradition des conseils évangéliques, imitation de la vie du Christ avec ses apôtres. Le chemin ignatien se relie à la voie royale que Cassien évoquait déjà ainsi : La voie royale, construites des pierres apostoliques et prophétiques et aplanie par les pas des saints et du Seigneur lui-même. On n’y marche qu’en allant de l’avant, vers le Seigneur.