1 Rois 16,29 – 17,16

Elie et la veuve de Sarepta

Chromace d’Aquilée

Sermon 25 sur saint Elie, n° 5-6

 

          Cherchons pourquoi Elie fut envoyé à une veuve, demeurant à Sarepta, au pays de Sidon, afin qu’elle le nourrisse et l’empêche de mourir de faim. Selon le texte, elle n’avait qu’un peu de farine et un peu d’huile. Elie vint à elle et lui demanda de lui faire un pain pour manger. Elle répondit qu’il ne lui restait qu’une petite quantité de farine et d’huile, de quoi faire un pain pour elle-même et ses fils et ensuite mourir. Alors Elie lui dit : Fais-moi d’abord un pain, que je le mange, car voici ce que dit le Seigneur : Jarres de farine, point ne s’épuiseront, vase d’huile, point ne se videra.

          Grande est la grâce du prophète qui fait à la femme une telle promesse ! Mais la foi de la femme vint en aide à la grâce du prophète. Elle crut de toute sa foi, si bien qu’elle donna à Elie ce qu’il demandait. Oui, l’événement montre qu’elle a cru d’une foi sans faille, en offrant au prophète, avant même d’en donner à ses fils, un pain fait du peu de farine qui lui restait : la valeur du prophète l’emporta à ses yeux sur son amour pour ses enfants.

          Voyons, maintenant, comment cette femme offre à l’avance une image parfaite de l’Eglise. Avant l’arrivée d’Elie, elle et ses fils souffraient de la faim, car le Christ, le Pain de Vie, n’était pas encore descendu du ciel : le Christ de Dieu n’avait pas encore prit chair de la Vierge.

          Cette femme, avant la venue du Christ, avait un peu de farine et un peu d’huile, c’est-à-dire l’enseignement de la Loi et des Prophètes. Mais cela n’aurait pu suffire à la faire vivre, si la grâce du Christ n’avait mené à leur accomplissement la Loi et les Prophètes. D’où cette parole du Seigneur dans l’évangile : Je ne suis pas venu abolir la Loi et les Prophètes, mais les accomplir. Car ce n’est pas dans la Loi et les Prophètes que pouvait se trouver le salut pour la vie des hommes, mais seulement dans la Passion du Christ. C’est lorsque l’Eglise eut reçu le Christ que la farine, l’huile et le bois se mirent à abonder. La farine représentait la nourriture de la Parole, l’huile, le don de la miséricorde, et le bois, le mystère de la croix vénérable, par laquelle nous est accordée la grâce, comme une pluie du ciel.

          Restaurés par ces nourritures spirituelles, nous pouvons dire au Seigneur ce que chante le prophète dans le psaume : Qu’elle est douce à mon palais ta parole, le miel a moins de saveur dans ma bouche.