Actes  6, 1-6 + 8, 1-8

Le martyr de saint Laurent

Jacques de Voragine

La Légende dorée, tome II, p. 73s

 

         Dèce irrité fit frapper Laurent avec des fouets garnis de plomb, appelés scorpions. Laurent se mit à sourire, remercia Dieu et pria pour les assistants. Au même instant, un soldat, nommé Romain, crut et dit à saint Laurent : Je vois debout en face de toi un très beau jeune homme qui essuie tes membres avec un  linge. Je t’en conjure, au nom de Dieu, ne me délaisse pas, mais hâte-toi de me baptiser. Romain apporta un vase plein d’eau, se jeta aux pieds de saint Laurent et reçut de ses mains le saint baptême. Dèce en fut informé, il fit battre de verges Romain qui, s’étant déclaré chrétien de plein gré, fut décapité par ordre de l’empereur.

         Cette nuit-là, Laurent fut amené à Dèce. Or, comme un certain  Hippolyte pleurait et criait qu’il était chrétien, Laurent lui dit : Cache plutôt Jésus-Christ au-dedans de ton cœur, et quand j’aurai crié, prête l’oreille et viens.

          On apporta des instruments de supplice de tous les genres. Dèce dit à Laurent : On va sacrifier aux dieux ou cette nuit finira avec tes supplices. Laurent répondit : Ma nuit n’a pas d’obscurité, tout pour moi est plein de lumière. Dèce dit : Qu’on apporte un lit de fer afin que l’opiniâtre Laurent y repose. Les bourreaux se mirent donc en devoir de le dépouiller et l’étendirent sur un gril de fer sous lequel on mit des charbons ardents et ils foulaient le corps du martyr avec des fourches de fer. Laurent dit alors aux bourreaux : Apprenez que vos charbons sont pour moi un rafraîchissement, mais qu’ils seront pour vous un supplice dans l’éternité, parce que le Seigneur lui-même sait que, quand j’ai été accusé, je ne l’ai pas renié ; quand j’ai été interrogé, j’ai confessé Jésus-Christ ; quand j’ai été rôti, j’ai rendu des actions de grâces. Et d’un ton joyeux, il dit à Dèce : Voici, misérable,que tu as rôti un côté, retourne l’autre et mange. Puis remerciant Dieu : Je te rends grâce, Seigneur, parce que j’ai mérité d’entrer dans ta demeure. C’est ainsi qu’il rendit l’esprit.