Ephésiens  2, 1-10

« C’est par grâce que vous êtes sauvés »

Saint Ambroise de Milan

Des Sacrements, des Mystères, p. 129s

 

           La prière, ne croyez pas, frères, qu’il n’y a que peu d’importance à savoir que vous devez prier ! Les saints apôtres disaient au Seigneur Jésus : « Seigneur, apprends -nous à prier comme Jean l’a appris à ses disciples ». Alors le Seigneur dit cette prière : « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne arrive, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien, remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs, et ne nous laisse pas induire en tentation, mais délivre-nous du mal ». Tu vois comme elle est courte, cette prière ; oui, mais elle est pleine de toutes de toutes les qualités. Et comme le premier mot en est doux ! « Notre Père » !

          Ô homme, tu n’osais pas tourner ton visage vers le ciel, tu baissais les yeux vers la terre, et soudain, en un rien de temps, tu as reçu la grâce du Christ : tous tes péchés t’ont été remis. De mauvais serviteur, tu as été fait un bon fils. Ne te fie donc pas à ton action, mais à la grâce du Christ. « C’est par grâce que nous avons été sauvés », dit l’apôtre. Ce n’est pas là présomption, mais foi : tout vient de la grâce du Christ, comme nous en assure saint Paul. Proclamer ce que tu as reçu n’est pas orgueil, mais dévotion. Lève donc les yeux vers le Père, comme tu le fais lorsque tu reprends la prière que le Fils a apprise aux siens ; oui, lève donc les yeux vers le Père qui t’a engendré par le bain, vers le Père qui t’a racheté par son Fils, et dis : « Notre Père » ! C’est une juste prétention, mais elle est modérée. Comme un fils, tu l’appelles Père. Mais ne revendique pas un privilège. Il n’est le Père d’une manière spéciale que du Christ seul ; pour nous tous, il est le Père commun, parce qu’il a engendré le Fils seul, tandis que nous, il nous a créés. Dis donc toi aussi par grâce : « Notre Père », pour mériter d’être son fils. Recommande-toi toi-même de la faveur et de la considération de l’Eglise.