2 Rois 4, 8-37

Le Christ, Elisée spirituel, a rendu la vie aux hommes

Saint Bernard

Sermon 16 sur le Cantique, tome 2, SC 431, p. 47s

 

         Le prophète Elisée a envoyé son serviteur ; celui-ci a pris le bâton en mains comme cela lui avait été demandé ; il l’a étendu au-dessus de l’enfant mort, mais l’enfant n’eut ni voix, ni réaction ce n’était qu’un bâton !

 

         Ce serviteur avait été envoyé en précurseur, alors celui qui l’avait envoyé descendit lui-même prouvant qu’il était vraiment celui qui avait dit : Je suis le salut de mon peuple. Voici donc revenue la voix, voici revenue la sensibilité. Il s’est couché au fond de son cœur, il a confessé son péché ; sa confession indique qu’il est vivant, puisque, comme le dit le Siracide : la confession est enlevée au mort qui n’existe plus. Voici donc revenue la vie, voici revenu le sens : il est rendu pleinement à la vie, sa résurrection est entière.

         C’est qu’Elisée est le grand prophète, il est puissant en actes et en paroles ; il a daigné quitter les hauts sommets des cieux pour visiter l’enfant mort qui n’était que cendre et poussière. Il a eu pitié de l’enfant, de sa mère, il s’est couché sur le cadavre de l’enfant. Il s’est réduit et proportionné à la petitesse de l’enfant : il mit sa bouche contre sa bouche, ses yeux contre ses yeux, ses mains contre ses mains, il se replia sur lui, et la chair de l’enfant se réchauffa. Il se releva, marcha de long en large dans la maison, et se replia à nouveau sur l’enfant, et cela jusqu’à sept fois. Pourquoi sept fois ? Le psalmiste ne dit-il pas : Sept fois le jour j’ai proclamé ta louange.

          N’en va-t-il pas de même pour chacun d’entre nous par notre baptême : de ses yeux, le Seigneur a touché nos yeux ; il a orné notre visage intérieur de deux luminaires étincelants, la foi et l’intelligence. Joignant ses lèvres à nos lèvres, il a imprimé le sceau de la paix à nous qui étions morts, parce qu’encore pécheurs ; par sa bouche, il a insufflé à nouveau sur notre visage le souffle d’une vie plus sainte que la première. La première fois, il nous avait fait une âme vivante ; la seconde fois, il nous a recréés en esprit vivifiant. Il a posé ses mains sur les nôtres pour nous donner l’exemple des bonnes œuvres et nous reformer à l’obéissance.