Osée 8, 1-13

Contre le culte purement extérieur

Edmond Jacob

Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, p. 65

 

          Osée le constate, les deux aspects du culte, le sacrifice et l’enseignement, ont été tournés en leur contraire : les sacrifices, au lieu d’être une manifestation divine régénérant, en s’y substituant, la vie corrompue et menacée, sont devenus un simple repas et une occasion pour le peuple d’assouvir ses instincts : manger, faire l’amour. Quant à la Torah, Dieu a beau en multiplier les préceptes, ceux-ci sont considérés comme quelque chose d’étranger, donc une chose qui ne les regarde plus, une parole dans le vide, car si on pouvait donner du sacrifice une interprétation contraire à sa fin, il n’en était pas de même des paroles : celles-là, on ne pouvait les ignorer. L’allusion au Décalogue est ici probable. Le châtiment exprimé à l’aide du mot se souvenir illustre non seulement l’aspect très concret et très réel du souvenir, mais fait probablement allusion à une pratique juridique courante en Israël ; des témoins à charge aussi bien qu’à décharge étaient introduits par ce mot : se souvenir.

          Comment comprendre le retour en Egypte qui est ici le contenu du châtiment ? Lorsque qu’Osée parle de l’Egypte, ce qui arrive à 13 reprises dans son livre, il le fait soit en pensant aux circonstances de son temps, soit aux origines du peuple d’Israël, c’est-à-dire qu’il pense soit à l’histoire, soit à l’histoire du salut. Le peuple cherchait souvent son salut dans l’aide, d’ailleurs toujours illusoire, de l’Egypte.

          Tout ce chapitre parle de l’abandon de Dieu par le peuple qui se manifeste d’une double manière : par les alliances politiques avec les peuples étrangers auxquels Israël, oublieux de son histoire, s’assimile, et par les cultes syncrétistes où l’on recherche sa propre satisfaction au lieu de la gloire de Dieu. Tout cela est un mal, le contraire du bien, et ne peut qu’aller au-devant de la catastrophe, car ce qu’il a semé, le peuple devra le récolter. Mais, dans l’accent douloureux, qui traverse ce chapitre, le prophète laisse entendre quelles bénédictions peuvent être reçues par le peuple s’il cherche Dieu pour lui-même et Dieu seul, ne désirant être que son peuple à lui.