Matthieu 1, 1-16 + 18-23

Heureuse naissance

Hélinand de Froidmont

Sermon II sur la Nativité de Marie, PL 212, col. 632-634

 

           Les nombreuses solennités de la Toujours Vierge Marie nous offrent de fréquentes occasions de joies. Dans nos cœurs sensibles, elles impriment, d’autant plus fort, la douce et heureuse mémoire de leur abondante suavité qu’elles s’y impriment plus fréquemment. Qui donc ne se réjouirait de voir plus souvent rappelé à son souvenir celle qu’il faut toujours appeler à son secours, notre douce avocate, bénie entre les femmes.

           A cette femme gracieuse, à cette Reine glorieuse, le Seigneur a donné grâce et gloire avec une telle profusion qu’elle a été prévenue par lui des douceurs de sa bénédiction, rendue bénie à son entrée en ce monde comme à son départ. Car le Seigneur a gardé tout à la fois son entrée et sa sortie, et en les gardant, Il l’a bénie. Bienheureuse l’entrée de celle par qui la Lumière et la Vie ont pénétré jusqu’à nous ; bienheureuse sa sortie qui nous a ouvert à tous la porte du Paradis.

         Aussi les anges se réjouissent-ils ; ils louent le Fils de Dieu, non seulement pour son Assomption qui l’a enlevée au ciel, mais aussi pour sa naissance qui a marqué son entrée dans ce monde. Et pourtant, plus que les anges, les hommes ont aujourd’hui motif de se réjouir. Car en Marie nous est né le modèle de la sainteté la plus parfaite. D’elle nous a été tiré le prix d’une rédemption absolument nécessaire, dont n’avait nul besoin la perfection et le bonheur des anges.

          Il n’est donc personne parmi les mortels qui ne soit rempli d’allégresse lors de la si joyeuse entrée dans le monde de la Mère de Dieu. L’enfantement virginal du Sauveur, en effet, cause de salut pour le monde entier, fait nécessairement de la naissance de la Vierge un motif de joie pour tous les fidèles. Qui donc ne regarderait pas poindre une nouvelle et grande étoile ? Or, selon la prophétie de Balaam, une étoile est née aujourd’hui de Jacob. C’est avec raison que Balaam termina la plus grande de ses bénédictions en prophétisant la naissance de la Vierge Bénie : celle qui allait enfanter le Fils béni de Dieu, celle qui acquit pour toutes les générations une telle abondance de bénédictions.